L'analphabétisme, un fléau qui touche environ 8 millions d'Algériens, a fait l'objet, hier, de toutes les attentions, lors d'une journée d'étude dédiée à la mise en forme d'une stratégie nationale d'alphabétisation. Ce plan a précédemment été présenté au président de la République à l'occasion des auditions ministérielles. M. Bouteflika n'étant pas complètement d'accord avec son contenu a suggéré que la stratégie soit réévaluée par les différentes institutions concernées, avant d'être adoptée et appliquée. Cette rencontre a donc été organisée et présidée par le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, en collaboration avec le ministre de la Formation professionnelle, M. Khaldi, le ministre délégué auprès du ministère de l'Agriculture chargé du Développement rural, M. Benaïssa, la ministre déléguée auprès du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière chargée de la Famille, Mme Djaffar, ainsi que les représentants d'organisations onusiennes et du mouvement associatif. Les différents intervenants ont exposé la réalité algérienne au plan de l'analphabétisme. “Alors qu'en 1830, le taux d'analphabétisme en Algérie n'était que de 14%, il est passé en 1962 à 85%, conséquence directe de la colonisation française”, a déclaré Benbouzid, en prélude à un exposé sur les efforts fournis par les différents gouvernements algériens pour en arriver aujourd'hui à 35,8% d'analphabètes. Ces efforts ont certes été interrompus dans les années 80-90, en raison de la situation sécuritaire qui prévaut depuis. Il précise, en donnant des chiffres, que ce phénomène touche plus particulièrement les femmes et les ruraux. Cette thèse a été fortement soutenue par M. Khaldi qui, lors de sa prise de parole, s'est ainsi insurgé contre la France coloniale : “L'analphabétisme est une des pires preuves des crimes contre l'humanité commis par la France coloniale. Les historiens doivent l'écrire.” Le gouvernement s'engage à consacrer tous les moyens nécessaires pour répondre à l'urgence de ce fléau. Cette stratégie inspirée par l'expérience cubaine qui s'est avérée concluante prévoit, entre autres, l'ouverture de tous les établissements à caractère scolaire, après les heures de cours, pour les rendre disponibles aux tâches d'alphabétisation. Cette opération doit constituer un centre d'intérêt collectif. “C'est l'affaire de tous”, expliquera M. Benbouzid. Le ministre prédit également qu'à l'issue de ce programme, en 2016, l'analphabétisme aura été totalement éradiqué en Algérie, le double de ce que prévoit la communauté internationale. Amina Hadjiat