À l'issue de son discours lors du conseil national de son parti Istiqlal, le nouveau Premier ministre marocain a demandé à l'Algérie de faciliter la solution du conflit du Sahara occidental, comme si elle constituait le vis-à-vis du Maroc dans ce dossier géré par les Nations unies dans le cadre des cas de décolonisation. Encore une fois, Rabat tente d'impliquer de manière insidieuse Alger dans le conflit du Sahara occidental à travers un nouvel appel en direction d'Alger, dans lequel il lui demande d'en faciliter le règlement, alors que l'interlocuteur direct, en l'occurrence le Front Polisario, est nommément cité dans le cadre de la gestion de ce dossier par le Conseil de sécurité des Nations unies, lequel désigne clairement dans ses résolutions les deux parties concernées. Cette fois-ci, c'est le nouveau chef du gouvernement marocain, Abbas El Fassi, qui s'est chargé de lancer le ballon de sonde en priant les “frères algériens” d'accorder la “prééminence à l'esprit de fraternité et de bon voisinage et de s'engager dans l'édification du Maghreb arabe sur des bases solides”, et d'aider à résoudre ce conflit. S'accrochant d'une part à la position intransigeante du Maroc, consistant à refuser tout autre solution que l'autonomie, le patron du parti Istiqlal se contredit d'autre part en affirmant que Rabat accepte “la négociation et rien d'autre”, du moment que l'offre de dialogue marocaine ne comporte aucune proposition que l'autonomie. Quel pourrait être l'apport de l'Algérie dans le rapprochement des deux positions, marocaine et sahraouie, quand bien même elle voudrait contribuer au règlement de ce conflit, qui empoisonne la région depuis plus de trois décennies et l'empêche de concrétiser son intégration ? En effet, les responsables algériens n'ont jamais refusé d'aider, comme en témoigne la présence de l'Algérie aux côtés de la Mauritanie, en tant que pays limitrophes des deux pays en conflit, tel que recommandé par la résolution 1754 du Conseil de sécurité, aux deux rounds des négociations de Manhasset près de New York. Alors quel est l'objectif recherché par Abbas El Fassi à travers son appel en direction d'Alger, du moment qu'il sait pertinemment que la solution est ailleurs, plus exactement entre les mains des Marocains et des Sahraouis. On ne peut que s'interroger sur les buts inavoués de cette nouvelle tentative de brouiller les cartes, parce que le cadre de dialogue a été bel et bien établi par l'Organisation des Nations unies, et qu'il appartient aux négociateurs marocains et sahraouis de trouver des compromis à leurs différends de manière consensuelle, conformément aux recommandations des résolutions du Conseil de sécurité. Mais, comme le Makhzen ne semble pas vouloir un dialogue réel où chacun présenterait sa solution, laquelle sera sujette à des négociations autour d'une table, il continue à tourner autour de… la table. En somme, l'on continue à gagner du temps dans l'espoir d'avoir gain de cause à l'usure. K. ABDELKAMEL