L'avertissement est bien évidemment destiné aux faux éleveurs qui bénéficient des avantages offerts aux véritables professionnels grâce, notamment, à des complicités dans les organismes chargés de l'approvisionnement comme les CCLS. Redoutant les effets néfastes de la sécheresse sur le cheptel national, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a décidé, il y a quelques semaines, de procéder à un approvisionnement d'appoint en orge au profit des éleveurs. Il est vrai que cette année le niveau de pluviosité enregistré jusqu'ici fait planer sur le secteur une certaine inquiétude qui s'est naturellement emparée des propriétaires de cheptel, notamment dans les zones de production s'étalant sur toute l'étendue de la steppe. La nouvelle de la distribution de quantités d'aliments de bétail, constitués principalement d'orge, a donc été accueillie avec satisfaction. Toutefois, les pouvoirs publics craignent que le produit, importé à coup de millions de dollars et soutenu pour les éleveurs, profite aux nombreux parasites qui gravitent autour du secteur à l'affût de la moindre occasion pour se sucrer sur le dos des véritables professionnels et de l'Etat dans le même temps. C'est ainsi que des instructions ont été prises afin que toute livraison s'effectue au seul bénéfice des éleveurs identifiés et connus de la profession. À partir de la wilaya de Khenchela où il était en visite le week-end dernier, le secrétaire général du ministère de l'Agriculture, Abdeslam Chelghoum, a tenu à expliciter l'objet d'une telle démarche en affirmant que “cet approvisionnement est un appoint et, par conséquent, n'est pas destiné à l'engraissement du cheptel”. Pour lui, la priorité doit être accordée à la brebis reproductrice, garante de la continuité et de la survie de l'espèce. “Si la sécheresse se prolonge il peut y avoir danger sur le cheptel et, par ricochet, sur le prix de la viande l'année prochaine”, met-il en garde. Cependant, en s'adressant, jeudi dernier, aux représentants des CCLS, des Chambres d'agriculture et DSA du Constantinois et des Aurès, M. Chelghoum a haussé le ton à l'égard de ceux qui seront tentés par le détournement de l'orge destinée aux éleveurs vers le marché informel. “Aucun dérapage ne sera toléré. L'aliment est importé à coup de millions de dollars et il est destiné aux éleveurs en priorité. Dans le passé, il y a eu des détournements vers le marché informel. Mais, cette fois-ci, je vous mets en garde que tout détournement sera considéré comme un crime économique et les auteurs seront punis en conséquence.” L'avertissement est bien évidemment destiné aux faux éleveurs qui bénéficient des avantages offerts aux véritables professionnels grâce notamment à des complicités dans les organismes chargés de l'approvisionnement comme les CCLS. Le secrétaire général a, par ailleurs, indiqué que ce programme d'approvisionnement, entamé à Khenchela, concernera toute l'étendue des zones d'élevage jusqu'à Naâma, à l'extrême ouest du pays. Cependant, des éleveurs rencontrés lors de la visite dans la wilaya de Khenchela considèrent que les quantités qui leur sont destinées restent insuffisantes au vu de la base de calcul qui est de 400 grammes d'orge par tête de bétail et par jour. Pour eux, le niveau doit être augmenté à raison d'un kilo par tête. Cependant, le représentant du ministère de l'Agriculture a insisté pour dire qu'“il s'agit là d'un appoint et non d'une couverture de la demande en aliments de bétail”. Les spécialistes notent que les éleveurs, en cette période de l'année, détiennent encore des quantités importantes d'aliment. L'objectif de l'appoint prévu est donc d'aider les professionnels à compléter les rations alimentaires de leur cheptel. Mais cette fois, les pouvoirs publics veulent prendre les devants pour tenter de couper l'herbe sous les pieds des spéculateurs qui sont à l'affût de toute brèche pour sévir. Les trafiquants sont surtout intéressés par une réexportation de ce produit, grandement soutenu par l'Etat, et ce, vers les pays voisins. Le contrôle doit donc s'effectuer en amont et en aval des circuits de distribution afin d'empêcher que le produit tombe entre les mains des indus éleveurs. Hamid SaIdani