Les commerçants refusent de rallonger les horaires d'ouverture de leurs magasins après le mois de Ramadhan L'appel lancé par le wali de Constantine aux commerçants de la ville, relatif à la prolongation des heures d'ouverture, n'a pas eu l'écho espéré. La ville continue de fermer très tôt, chose qui n'est guère digne de la capitale de l'Est. Les différents responsables locaux et les représentants des commerçants parlent d'absence de vie nocturne a Constantine. Pour les commerçants, le premier handicap est celui de l'insécurité, un phénomène qui n'encourage personne à ouvrir son commerce de nuit et exposer sa marchandise aux risques des pilleurs. Sur ce point, le responsable local de l'Union générale des commerçants algériens a souligné, à maintes occasions, que l'absence d'un dispositif sécuritaire dissuasif est la principale cause de la non-adhésion des commerçants à l'appel du chef de l'exécutif. Tout en ajoutant que certains d'entre eux se trouvent dans l'obligation de baisser rideau avant 15 heures, notamment les grossistes dont la majorité sont installés à la rue Larbi-Ben-M'hidi. Le même responsable a tenu à préciser, entre autres, que les services de sécurité doivent mettre la main à la pâte afin de garantir la réussite de cette action de grande importance. Les services de la commune sont également pointés du doigt, car aucune action n'a été entreprise depuis le lancement de l'appel en question, à l'exception de certaines déclarations que beaucoup jugent stériles. “Les responsables de l'APC n'ont pas pris en considération certaines lacunes de taille dont le déficit en éclairage public ainsi que le manque de moyens de transport après 20 heures et où même les taxis ne sont pas disponibles”, a indiqué le président de l'UGCA. Pour d'autres commerçants, il est inutile d'ouvrir la nuit puisqu'ils travaillent toute la journée avec des clients venant des villes limitrophes et qui débarquent tôt à Constantine pour repartir avant 15 heures. “Je préfère commencer ma journée très tôt, même si je baisse rideau avant 17h, puisque l'essentiel de mes clients ne sont pas forcément des habitants de la ville”, nous a confié un des commerçants. Interrogé à ce propos, le P/APC considère, lui, que les arguments avancés par les commerçants sont “exagérés”. Selon sa thèse, c'est une question de volonté. “La situation sécuritaire n'est pas aussi dégradée et il ne faut pas amplifier les choses”, a-t-il commenté. Le Constantinois, lui, reste non convaincu par les arguments des deux parties. Le problème sécuritaire n'explique pas tout. Ces mêmes commerçants rallongent les horaires d'ouverture de leurs magasins tout au long du mois de Ramadhan sans pour autant soulever le problème de l'insécurité. Les commerces restent ouverts jusqu'à des heures tardives aussi bien au centre-ville qu'au niveau des autres cités réputées sensibles. Une période qui permet aux Constantinois de revivre en citadins dans une ville qui s'impose un rythme de grand village. La direction du commerce qui rejoint la thèse des responsables locaux se trouve en réalité incapable de maîtriser la situation par manque de moyens. Selon un sociologue, les autorités locales ont péché par précipitation. Il est indécent de demander à un grossiste de tissus d'ouvrir la nuit pour recevoir ses clients venus de Mila. La méthodologie indiquée est de recourir à une étude du marché pour cibler les quelques commerces dans des artères définies qui sont intéressées par une activité nocturne. Des efforts de sensibilisation et de motivation seront alors dirigés vers ces commerces pilotes appelés à être le moteur de Constantine by night. RADIA MADANI