Un sit-in de protestation sera organisé le jour de la signature du pacte économique et social. C'est la décision à laquelle est parvenu le comité national pour les libertés syndicales (CNLS) réuni, lundi dernier, au siège du syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) à Alger. “Nous avons décidé de tenir un sit-in des cadres syndicaux le jour de la ratification du pacte économique et social et à l'endroit où sera organisée cette rencontre conformément aux résolutions des états généraux du CNLS tenus le 1er mai dernier”, expliquera à cet égard Tahar Besbès, le président du CNLS, contacté, hier, par téléphone. La décision des syndicats autonomes composant l'organisation du Dr Besbès et présents à la rencontre de lundi (le CLA, le Cnapest, le Snomar, le Satef, SNPSP, le SNPSSP) de recourir à la protestation, le jour même de la signature du pacte économique et social, s'explique par l'opacité de ce document et la marginalisation des syndicats autonomes dans sa conclusion. “Le CNLS n'a pas de tabous ni de complexes par rapport au pacte économique et social qui existe dans tous les pays du monde. Cependant, dans tout pacte économique et social, les différents partenaires doivent se réunir et s'entendre sur des objectifs engageant les uns et les autres et dont la finalité est la stabilité du pays. Or, nous constatons, aujourd'hui, que le gouvernement pactise avec lui-même”, indiquera le président du CNLS pour lequel “les travailleurs ne connaissent ni la teneur de ce pacte ni sur le dos de qui il se fera, ni ce qu'il va apporter”. Dans ce même ordre d'idées, Besbès déplore que le gouvernement “admette une pluralité patronale, mais nullement une pluralité syndicale”. “Nous sommes exclus, dit-il, du dialogue et des propositions tout simplement parce que nous sommes des syndicats autonomes”, note-t-il. “Il n'y a que l'UGTA dont le rôle au niveau de l'échiquier syndical et politique est connu qui dialoguera avec le gouvernement”, précise-t-il encore. Aussi et tout en expliquant que “dans toutes les ratifications du gouvernement algérien avec l'union européenne et l'organisation mondiale du commerce, l'une des conditions requises est la stabilité sociale”, le président du CNLS insistera, qu'en l'état actuel des choses, “rien n'empêchera les grèves et la contestation”. “Quand un pacte économique et social n'est pas l'émanation des véritables acteurs de la société civile, il est voué à l'échec”, précise-t-il tout en soulignant qu'il “n'engage que ses signataires”. Quelle est la vision des syndicats autonomes par rapport au pacte économique et social ? Même si cette question devra être débattue le 15 septembre prochain à Alger où l'ensemble des syndicats autonomes composant le CNLS devront se prononcer sur ce sujet, il n'en demeure pas moins que le Dr Besbès ébauche le point de vue de son organisation : “Il ne peut y avoir de pacte social sans un véritable impact social, notamment la reconnaissance de la pluralité syndicale, l'arrêt des poursuites judiciaires contre les syndicalistes, l'arrêt de l'ingérence du ministère du travail dans les affaires strictement internes des syndicats, une augmentation des salaires et la constatation par les pouvoirs publics d'une inflation galopante qui érode le pouvoir d'achat.” Au plan organique, les animateurs du CNLS ont procédé à une évaluation de leurs activités durant le semestre dernier : “même s'il y a encore des carences au niveau de l'organisation et de la coordination, les présents ont souligné unanimement que malgré l'hostilité des pouvoirs publics aux syndicats autonomes, le CNLS a pu imprégner une conception et une démarche du syndicalisme en Algérie dont l'objectif est d'aboutir à une confédération des syndicats autonomes”, relève Besbès. Nadia MELLAL