RESUME : Mohand et sa famille se rendent chez ses parents, le temps que les esprits se calment. Aïcha n'est pas enchantée. Sa belle-mère en profite pour proposer à Mohand de revenir vivre ici. Aïcha se rappelle que cela n'a jamais été rose et que sa belle-mère est insupportable. Mohand passe son congé chez ses parents. Il aurait bien accepté de revenir définitivement mais en gardant un œil sur sa mère, il a constaté qu'elle n'a point changé et qu'elle cherche querelle à toute occasion. Il a bien vu que Aïcha est malheureuse et qu'il lui en coûte de rester ici. Daya est heureuse de se trouver à la campagne. Elle accompagne son grand-père et l'aide à garder son troupeau de chèvres. Elle s'amuse durant toute la journée avec les chevreaux. En fin de journée, elle est si fatiguée qu'elle s'endort parfois sans même dîner. Mohand et Aïcha se parlent rarement. Ils n'ont pas de chambre. Il dort avec ses jeunes frères et Aïcha avec ses belles-sœurs. Quand sa belle-mère les voit échanger quelques mots, elle trouve vite le moyen de les séparer. La tension est palpable. Mohand pense à aller au village. La gendarmerie lui a envoyé une convocation chez le procureur de la République. - Vous avez encore la nuit pour réfléchir, lui dit le chef de la brigade. Vous pouvez encore retirer votre plainte ! - Non, répond Mohand. Je ne reculerais pas ! Je n'ai pas peur d'eux. La justice est de mon côté et j'ai le soutien de tout le village ! Il se sent fort et confiant. Les esprits échauffés par l'orgueil ont fini par se calmer après une nuit chez les gendarmes. Au tribunal, ils sont présents mais silencieux. Ils viendront à chaque fois que leur affaire passera entre les mains du juge. Ce dernier condamne Ahmed M. dit le Turc, à une année de prison. Les propos qu'il a tenus face au juge ont poussé ce dernier à être sévère car Ahmed n'a aucun regret. Mohand et sa famille, et tout le village, sont soulagés d'apprendre qu'il restera un moment en prison. Aïcha est heureuse de retourner chez elle. À un moment donné, elle a cru que son mari se laisserait influencer par sa mère mais il a tenu le coup. Leur vie allait reprendre son cours normal. Daya allait retourner en classe et rattraper son retard. Les balades allaient lui manquer. - Tu retourneras chez tes grands-parents durant les vacances d'été. Maintenant, tu dois te concentrer ! Fais-moi plaisir, sois studieuse ! Je serai si heureuse si tu passes en troisième ! Daya tient à ce que ses parents soient fiers d'elle et elle reprend goût à l'école. Elle ne rate aucun devoir. Les heures de libre, elle continue à lire, à écrire et elle excelle en maths. Sa maîtresse est heureuse de la compter parmi les meilleurs élèves. Daya a droit à une récompense en fin d'année. Son père, présent lors de la cérémonie, ne cache pas sa fierté. Et comme Kamel M. est aussi bon élève, son père est venu aussi. Lui et Mohand ne se saluent pas. Ils s'évitent. Daya et Kamel aussi, de peur que cela soit mal vu par leurs pères. Leur maîtresse avait tout fait pour les rapprocher durant les derniers mois de la scolarité. Ils ont partagé la même table et parfois, ils ont travaillé ensemble. Ni l'un ni l'autre ne l'avaient dit à leurs parents. Malgré leur jeune âge, ils avaient conscience d'avoir provoqué une guerre froide entre leurs familles. Rien ne pouvait les rapprocher. L'oncle Ahmed est toujours en prison et un rien rappelait cette période angoissante. Si les deux enfants gardent pour eux le début de leur nouvelle amitié, c'est pour ne pas réveiller les vieux démons. Kamel regrette d'avoir été méchant avec elle et d'avoir provoqué d'irréparables erreurs. - Daya, je te demande pardon, lui dit-il à quelques minutes de la fin de la cérémonie. - Oui, mais cela ne change rien, nos familles vont être ennemies à vie, répond la fillette. Tous disent que ta famille est bizarre. Que vous aimez rester sans contact avec les étrangers. - Ce n'est pas vrai ! Les gens ont toujours été jaloux de ma famille, se défend Kamel. Et puis, ils sont comme ça. Cela ne nous empêchera pas d'être camarades ! - Oui. Au revoir, lui dit-elle. Passe de bonnes vacances. Au fait que feras-tu ? - J'irai paître les moutons avec mon oncle ! Toi, tu vas rester à la maison ? - Non, je vais aider grand-père à garder ses chèvres, répond-elle en riant. Garde ton oncle loin de nos terres. Je ne veux pas qu'ils se bagarrent encore ! - Moi non plus, avoue Kamel. Mohand, qui a remarqué qu'ils discutent depuis un moment, s'approche d'eux et attrape le garçon par l'oreille. - Alors, comme ça, tu embêtes encore ma fille ! Daya crie. - Non ! non ! vava ! Il ne m'embête pas ! - Tu as de la chance alors ! dit Mohand en le relâchant pour prendre la main de sa fille. Alors, on rentre à la maison ! Daya se tourne vers Kamel, elle a un sourire désolé. Et lui est triste. Elle allait lui manquer. A. K. (À suivre)