Plusieurs facteurs, notamment climatiques et les incendies, ont abouti à la baisse de la production des oliviers séculaires. La campagne de la cueillette des olives, qui a démarré la semaine dernière dans la région de Jijel, sera indiscutablement, et de l'avis même des oléiculteurs, des plus décevantes. Des oliviers séculaires qui d'ordinaire donnaient deux ou trois quintaux d'olives par campagne, vont atteindre difficilement cette année le seuil des 20 à 30 kg. L'autre signe d'une récolte insignifiante est le temps mis par les oléiculteurs à boucler leur récolte. Si d'habitude ils consacraient plus d'un mois à ramasser leurs olives, cette saison, ils ont mis souvent à peine une semaine pour faire le tour des arbres. “Mes olives sont cette saison asséchées avant l'heure et le moindre mouvement d'air les fait tomber de l'arbre”, explique un agriculteur. La pulpe qui renferme l'huile a été endommagée par un été aride et prolongé. La cinquantaine de foyers d'incendies qui se sont déclarés au moment de la maturation des fruits, à travers 20 communes sur les 28 que compte la wilaya, n'ont fait que consacrer le désastre. Ne pouvant lutter contre les deux phénomènes de la nature, sécheresse et incendies, les oléiculteurs se contentent de faire le constat de leur manque à gagner et reporter leurs espoirs sur les années à venir. “La production oléicole obéit très fortement aux fluctuations climatiques”, nous précise un cadre du secteur de l'agriculture. La région de Jijel est située dans un microsystème de type pluvial et l'irrigation d'appoint est rarement pratiquée pour les oliviers. Concernant la présente année où le rendement à l'hectare n'atteindra sans doute pas la moyenne des scores, les services concernés prévoient, cette année, une chute de 60% par rapport la production oléicole de l'année passée. Cette production en dents de scie s'explique, aussi, par le fait que 60% des oliveraies sont situées dans les zones bioclimatiques semi-arides, Chehna, Texenna, Settara, et où l'irrigation d'appoint n'a pas été introduite. Le “goulage”, cette technique ancestrale de la récolte des olives, utilisée les années précédentes, est jugée par certains connaisseurs comme facteur aggravant. Le goulage, qui consiste à faire tomber les fruits en frappant les branches de l'arbre avec une longue perche, blesse les rameaux fruitiers et compromet la récolte de l'année suivante. Les techniques actuelles, en usage dans la plupart des pays producteurs d'olives, sont les vibreurs qui secouent les branches sans danger et les peignes à olive. Après l'exode rural qu'a connu la région de Jijel durant la décennie noire, les paysans ont abandonné des milliers d'oliviers dans les mechtas de Ziama Mansouriah, El Aouana, El Millia et Selma pour ne citer que ces communes-là. Pourtant, ces paysans sont prêts à rejoindre leurs douars où ils ont réalisé par le passé des prouesses dans la plantation d'oliveraies. Il suffit que l'Etat les aide pour repeupler ces douars dans le cadre des programmes du FNRDA et du PNDRA. Ce serait une façon de donner à ces plans leur dimension sociale d'outil de lutte contre le déséquilibre régional. Mourad Bouchama