Le président du MSP a déclaré qu'il était en contact avec des institutions judiciaires. Il a affirmé que par ces assertions, il ne s'attaque pas à des personnes, mais mène une bataille politique. Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abou Djerra Soltani, marque un net recul sur ses précédentes déclarations à la presse, par lesquelles il affirmait détenir des dossiers sur des personnalités impliquées dans des affaires de corruption. Hier, à l'ouverture d'un colloque des cadres du parti, chargés de la communication, organisé à la salle des conférences du théâtre de Verdure attenant à l'hôtel El-Aurassi, il a abordé naturellement le sujet, mais en prenant cette fois-ci la précaution de bien nuancer ses propos. À croire qu'il s'est fait taper durement sur les doigts après les graves accusations qu'il a portées sur des pontes de l'Etat, même s'il a soigneusement évité de donner des noms. “Notre priorité, au parti, est de lutter contre la corruption”, a-t-il commencé par dire. Il a précisé aussitôt que ce n'est pas dans les prérogatives de la formation politique, qu'il préside, de se livrer à des investigations sur les auteurs d'actes de corruption. “Notre mission est de dénoncer ce qui se passe et ce que nous constatons. C'est à l'Etat d'agir pour mettre un terme à ce fléau.” Il a ajouté que le MSP participe à la gestion des affaires de la nation, mais qu'il ne saurait se substituer aux autorités nationales, qui disposent des moyens juridiques et politiques pour traquer les corrompus, à tous les niveaux. “Nous sommes au gouvernement, mais nous ne sommes pas le gouvernement” a-t-il précisé. À la fin de son allocution, le patron du MSP a été, comme attendu, interpellé par les journalistes, venus couvrir l'événement. Il s'est d'abord dérobé aux questions en se pressant de se réfugier dans une pièce, dont l'accès a été strictement gardé par un de ses hommes de main. Au bout d'une demi-heure, contraint de retourner à la salle de conférences pour la reprise des travaux, il a consenti à faire de menues déclarations aux représentants de la presse nationale. Il s'est d'abord demandé pour quelle raison l'attention des médias est focalisée sur lui depuis quelques jours. “Beaucoup de monde a discouru de la corruption. Personne ne s'y est intéressé. Il a fallu que j'en parle pour que ça fasse débat.” Harcelé, malgré tout, par des questions, notamment sur l'identité des personnes dont il dit avoir des dossiers, Abou Djerra Soltani s'est immédiatement rétracté en soutenant qu'il ne nourrit aucune velléité à s'attaquer à des personnes. “Nous ne personnalisons pas le problème.” Dans son entendement, la lutte contre la corruption n'est même pas de nature judiciaire, bien qu'il ait indiqué, peu de secondes auparavant, qu'il était effectivement en contact avec des institutions judiciaires, suite à ses récentes assertions. “C'est une bataille politique que nous menons”, a-t-il asséné sèchement. Cela sous-entend-il que le président du MSP n'a jeté un pavé dans la mare que dans la perspective d'introduire un thème de campagne qui s'avérait à son regard vendeur à quelques mois des élections législatives ? “Nous ne faisons nullement ça à des fins électoralistes. Ce n'est pas, non plus, de la surenchère”, s'est-il défendu. Il a alors affirmé que son souci, tout comme celui de son parti, est de contribuer, ne serait-ce qu'en prêchant la bonne parole, à la moralisation de la vie publique en Algérie. Souhila H.