Après le coup de gueule de Hadjar, les aspects organiques ont été évacués pour n'insister que sur une motion de soutien à Bouteflika. A voir la fièvre qui s'est emparée des «redresseurs», en train de préparer activement leur congrès, et qui se sont déjà «emparés» de l'hôtel El-Aurassi, tout porte à croire que Yazid Zerhouni vient d'opter pour la logique de l'affrontement en permettant la tenue d'un «congrès» que ni le droit ni les besoins de stabilité du pays n'autorisent. Dans sa dernière conférence de presse, dans laquelle Benflis prouvait qu'il contrôlait l'écrasante majorité des deux comités centraux issus des 7e et 8e congrès du FLN, ce qui interdit à toute autre instance de convoquer des assises, il lançait un appel à tous les militants pour «défendre leur parti, leurs idées et leur autonomie». Des affrontements très graves risquent donc de se produire aussi bien à Alger que dans le restant des grandes villes du pays. Les graves incidents qui avaient eu lieu à la suite des rassemblements des Pins Maritimes et de la salle Ibn Khaldoun ne seraient rien face à ce qui risque de se produire aujourd'hui. Des sources proches du FLN légal en font assumer l'entière responsabilité à Zerhouni, dont les services ont ignoré les consignes de sécurité relatives à la capitale, mais aussi aux clans au sein de ce mouvement, partisan d'une accélération de la démarche parce que la présidentielle continue d'avancer à grands pas. Les prémices des graves dérapages risquant de se produire aujourd'hui sont données par la campagne d'interpellation, hier soir, des étudiants fidèles à Benflis au niveau de la Fac centrale de crainte que l'Unea et l'Unja ne se mobilisent à temps. Dans le même temps, jusqu'à l'heure où nous mettions sous presse, plus d'une centaine de députés FLN ont entamé un sit-in illimité au siège de l'APN en signe de protestation contre «ces activités illégales organisées au nom d'un parti politique souverain et autonome». C'est ce qu'a indiqué hier un communiqué signé par le président du groupe parlementaire, Abbas Mikhalif. Abdelaziz Belkhadem, coordonnateur national de ce mouvement, se serait, lui aussi, refusé à qualifier de «congrès» la rencontre d'aujourd'hui. L'annonce de ce congrès a, en effet, surpris tout le monde puisque, la veille encore, le porte-parole du mouvement de redressement, joint par téléphone, indiquait que la tendance lourde souhaitait la tenue d'une conférence avec report du congrès pour après la présidentielle, afin d'éviter les dérapages très graves pouvant résulter de toute précipitation irréfléchie. Des sources, qui ont requis l'anonymat, soulignent que «ce serait des hommes connus pour être très proches du président Bouteflika qui auraient fait pression personnellement sur la rencontre de ce lundi soir pour l'amener à infléchir la tendance générale et opter pour un congrès». Joint hier par téléphone, donnant l'air d'être absolument débordé, Kara Mohamed Seghir nous a indiqué qu'«il ne s'agit pas tout à fait d'un congrès». Ce serait plutôt une conférence durant laquelle les documents initialement élaborés en vue de «redresser» les statuts et règlement intérieur issus du 8e congrès seraient soumis au débat. Il semble que l'objectif recherché à travers cette rencontre préparée à la hâte, si l'on en croit des indiscrétions recoupées, soit uniquement celui d'annoncer le soutien du mouvement de redressement à un second mandat de Bouteflika. Joint hier par téléphone, la figure de proue de la lutte contre le congrès parmi les redresseurs, Abdelkader Hadjar n'a pas infirmé une pareille information, insistant sur le fait que «s'il est question demain (aujourd'hui, Ndlr) de questions organiques, je claque la porte et je dénonce tout cela dans une conférence de presse fracassante». Au plan matériel, également, les participants, au reste dénoncés par l'écrasante majorité de la base militante de ce mouvement, comme rapporté dans une précédente édition, n'avaient en aucune manière le loisir de préparer les documents nécessaires à leur participation. C'est pourquoi, croit-on savoir, beaucoup de militants d'autres formations politiques qui sympathisent avec le président, de même que bon nombre des animateurs et activistes de ses comités de soutien prendront part à cette rencontre à haut risque. Un non-événement, en somme, comme il s'en produit tellement depuis la naissance de ce mouvement à la suite du conflit apparu entre Bouteflika et Benflis.