Le président de l'Autorité palestinienne est pour des élections anticipées, le Hamas est contre. Mahmoud Abbas, appuyé par le comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), s'est prononcé pour des élections anticipées pour sortir de la crise politique. Une option rejetée par Hamas qui dirige le gouvernement. “Je n'ai pas d'autre choix que d'aller à des élections anticipées”, a déclaré Abbas à ses proches, à l'issue d'une réunion à huis clos de l'OLP, à Ramallah, précisant que la mesure sera rendue publique prochainement. Mais le président de l'Autorité palestinienne ne veut pas tirer un trait sur Hamas en déclarant maintenir ouverte la porte du dialogue. Le problème est que les négociations avec Hamas se suivent depuis que les islamistes ont été désignés à la tête du gouvernement, en vertu d'élections démocratiques sans aboutir. Le gouvernement d'union nationale, auquel toutes les parties appellent et estimé également à l'étranger comme la solution la plus acceptable, n'est apparemment pas prêt de voir le jour. Les islamistes ne veulent pas lâcher plus que ce qu'ils estiment pouvoir faire, se prévalant de la majorité électorale incontestable, tandis que l'OLP n'entend pas se contenter d'un simple rôle de faire-valoir. Le parti historique de la résistance palestinienne estime que les tergiversations ont trop duré et préconisent d'effacer purement et simplement la parenthèse islamiste avec des élections anticipées.Mais cette prise de position a été vite dénoncée par le Hamas qui a remporté haut la main les élections législatives de janvier 2006. “Je pense que l'appel à la tenue d'élections de cette manière est irrespectueux vis-à-vis du peuple palestinien”, s'est élevé le Premier ministre issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans une interview à la télévision iranienne. Haniyeh, qui effectue une visite en Iran dans le cadre de sa première tournée à l'étranger depuis son entrée en fonctions en mars, s'est même fait menaçant. Le Hamas est boycotté par de nombreux pays, dont ceux de l'Union européenne, du fait de son refus de reconnaître Israël, de renoncer à la lutte armée et d'accepter les accords passés conclus par l'Autorité palestinienne. Il n'est pas représenté dans le comité exécutif de l'OLP, sous la direction du parti Fatah d'Abbas. Pour le Fatah, les discussions ont échoué à cause de l'obstination et l'hostilité de Hamas qui cherche à exclure de l'Autorité palestinienne le président Abbas. La tenue d'élections anticipées risque cependant de poser un problème de droit, car ce cas de figure n'est prévu dans aucun texte de la loi fondamentale palestinienne, selon les experts. D. Bouatta