Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a appelé, hier, à la tenue d'élections législatives anticipées qui devraient se tenir d'ici à trois mois. L'annonce a été faite par Yasser Abd Rabbo, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et proche collaborateur de Abbas qui met en garde contre toute opposition à cette décision. “Toute opposition juridique à ces élections sera examinée conformément aux pouvoirs du Président”, dit-il. L'avertissement est adressé évidemment au parti du Hamas qui est entré en conflit avec le Fatah et qui, de plus, est majoritaire au Parlement. Aussitôt dit, le Président s'apprête à consulter la commission électorale pour préparer l'opération. Le président palestinien s'appuie sur la Constitution pour justifier sa décision et appelle à l'arbitrage du peuple. “La loi fondamentale stipule que le peuple est la source des pouvoirs. Laissons le peuple dire son mot et être l'arbitre”, a-t-il affirmé. Le but de ces élections anticipées est, selon lui, d'éviter l'affrontement entre les différents partis et factions. Il a affirmé qu'il ne permettrait pas l'éclatement de la guerre civile qui pointe depuis quelques jours dans les territoires palestiniens. Toutefois, le parti Hamas, qui détient déjà la majorité au Parlement palestinien, a rejeté la décision du président Abbas. Le parti d'Ismaïl Haniyeh, Premier ministre démissionnaire, estime que l'appel à des législatives anticipées est contraire à la Constitution. Et pour s'opposer à cela, le parti Hamas compte entreprendre des actions afin de faire reculer le président Abbas. “Nous allons organiser de nombreuses manifestations pour prouver au Président que nous avons la majorité et que cet appel à des élections anticipées n'est pas acceptable”, a déclaré le conseiller politique de Haniyeh, Ahmed Youssef qui a annoncé pour hier le début des manifestations. Cela intervient alors que la violence inter-palestiniens connaît une escalade avec les tirs du mouvement Fatah contre le convoi de Haniyeh. C'est dans ce climat d'extrême tension qui frise la guerre civile que le président Abbas a lancé son appel comme ultime issue pour débloquer la situation et dépasser la crise qui n'a cessé de s'amplifier depuis l'accession de Hamas au pouvoir. Paradoxalement, l'option Abbas a été applaudie, notamment par Tony Blair, ce qui sera également le cas pour d'autres capitales occidentales, que la présence du parti islamiste, quoique élu selon les règles démocratiques, dans le gouvernement, est perçue comme une autre menace et un blocage pour le processus de paix. D'ailleurs, depuis la désignation de Haniyeh, son intransigeance concernant la reconnaissance de l'Etat d'Israël, le président Abbas n'a pas arrêté de subir des pressions externes pour pousser le Hamas vers la sortie et, partant, faire davantage de concessions. Synthèse Djilali B.