La Syrie se tient officiellement à l'écart de la crise au Liban, mais mise sur une victoire de ses alliés sur le gouvernement de Fouad Siniora soutenu par les Occidentaux pour empêcher ceux-ci d'accroître leur influence chez son voisin, estiment des analystes. L'opposition libanaise, menée par le Hezbollah, allié de Damas et de Téhéran, a lancé, le 1er décembre dernier, des manifestations illimitées pour renverser le gouvernement, après avoir fait démissionner ses cinq ministres. Le quotidien syrien Al-Baas, qui souhaite que le peuple libanais parvienne à une solution qui serve l'unité libanaise, et la résistance à l'occupation israélienne, écrit que la Syrie sera satisfaite si la tendance favorable à la résistance et hostile au projet américain gagne au Liban. Le vice-président syrien, Farouk al-Chareh, nie, pour sa part, toute implication dans les manifestations au Liban, en réponse aux accusations de la majorité pro-occidentale, soulignant que son pays suit de près la crise. Après une présence de près de 30 ans, l'armée syrienne s'est retirée en avril 2005 du Liban, deux mois après l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais, Rafic Hariri. Chareh a dénoncé, par contre, les ingérences occidentales au Liban qui cherchent à placer le Liban sous leur hégémonie afin de le “séparer complètement” de la Syrie. Damas serait actuellement dans une meilleure position après le renversement des républicains au Congrès américain, qui sera dominé par les démocrates à partir de janvier, et la publication du rapport Baker qui plaide pour un dialogue avec Damas et Téhéran au sujet de l'Irak. Dans un récent discours, le chef de l'Etat syrien, Bachar Al-Assad, avait qualifié d'illusoire la majorité anti-syrienne au Liban et prédit sa chute. Damas ne cache pas son soutien aux revendications de l'opposition libanaise d'un gouvernement d'union nationale au Liban, accroissant son influence, et d'élections législatives anticipées. D. B.