“Quel accueil !” Avec une surface de trois pages de reportages, d'entretiens, de portraits et de photos, le quotidien populaire Le Parisien a donné la mesure de ce qu'est le voyage de Zidane en Algérie. Un grand événement dans le pays natal de ses parents où il est célébré “comme un héros national”. Aucun titre de la presse parisienne, aucune télé ni radio ne sont restés en marge, montrant que la zizoumania est toujours à l'œuvre malgré la retraite de l'ancien capitaine des Bleus présenté parfois comme un dieu malgré son très humain “coup de boule” assené au défenseur italien Materrazzi, et qui a peut-être coûté à la France le plus prestigieux trophée sportif de la planète. Le Parisien interroge le chanteur Idir, invité spécial de Zizou. Ce qui ne manque pas d'être un symbole. Idir nous apprend que Zizou “était dans une certaine appréhension avant le voyage”. Il se dit frappé par son humilité et son accessibilité. Autre journal populaire, le quotidien France Soir a consacré deux pages à ce pèlerinage singulier avec comme titre “Zidane, l'idole d'un peuple”. Loin de cette célébration, la presse politique tente de sonder les arrière-pensées du voyage. Selon Le Figaro, les militants kabyles l'accusent de servir les intérêts de Bouteflika “qui a profité de l'occasion pour tenter de récupérer à son profit la popularité” de Zidane. Le journal égrenne toutes les critiques que l'on peut faire “politiquement” au joueur : les néo-nationalistes lui reprocheraient d'avoir dédaigné les couleurs nationales pour défendre le drapeau français et les islamistes de ne pas exhiber ostentatoirement sa foi comme le converti Ribéry. Voilà Zidane sommé de faire l'homme du consensus entre les berbéristes, les nationalistes et les islamistes, lui qui ne sait que valser avec un ballon ! Et sans rire, Libération titre sur “Zidane Boutefliké”, écrivant que son voyage a tourné à la visite d'Etat confisquée par le Président. Plus sobrement un autre titre note que Zidane a été accueilli comme une star en Algérie… Curieusement sportif, L'Equipe, le premier à élever Zidane au rang de divinité, qui lui a consacré tant de pages et de “unes”, est resté relativement discret. Juste un petit article relégué au bas de la page 4 et pour constater que Zidane “provoque une émeute” et “éclipse totalement” la visite du ministre de l'Economie et des Finances, Thierry Breton qui, pourtant, avait dans sa hotte de quoi égayer Noël et l'Aïd. Y. K.