Les militantes de l'association SOS femmes en détresse se disent déterminées à « libérer » l'ONG, devenue, selon elles, « un outil d'enrichissement illégal ». « Les biens de l'association sont actuellement séquestrés par une personne qui prétend être présidente, en l'occurrence Meriem Belala. L'opinion publique doit savoir que cette dame, déjà rayée des listes lors d'une assemblée générale tenue le 23 février 2006, fait actuellement l'objet d'une enquête judiciaire », a déclaré Fettouma Ouzgane, moudjahida, membre fondateur de SOSFD, au cours d'une conférence de presse animée, hier, à Alger. De quoi est accusée Meriem Belala ? « De malversations qui ont entaché la crédibilité de l'association, notamment vis-à-vis des bailleurs de fonds européens », tient à préciser Fettouma Ouzgane, s'appuyant ainsi sur les conclusions d'un audit effectué par une ONG suisse. Celle-ci, impliquée par ailleurs dans le financement d'un centre d'accueil, relève ceci : « Sos femmes en détresse ne possède ni la comptabilité, ni les structures de contrôle nécessaires pour assurer la bonne gestion, ni du centre d'accueil, ni de ses autres, au moins, six projets en cours, tous soutenus par des bailleurs de fonds étrangers, avec un budget total de 750 000 euros (7,5 milliards de centimes). » L'absence de « comptabilité transparente et documents essentiels » est mentionnée clairement dans l'introduction de l'audit. La conférencière, qui préside actuellement l'« instance provisoire » de SOS femmes en détresse, était accompagnée de Mme Ledada, vice-présidente, et de Mlle Sadat, trésorière. Toutes les trois, rappellent-elles, ont été évincées par la présidente incriminée lors d'une assemblée générale jugée illégale, tenue le 13 juillet 2004. « Mme Belala a tenue cette AG en notre absence. Elle nous a virés pour avoir les mains concernant les fonds de l'association », accusent-elles. Les militantes de SOSFD ont évoqué dans la foulée l'ouverture (par Mme Belala) de deux comptes bancaires auprès de Société Générale Algérie, et ce, sans avoir consulté les membres du bureau. « J'étais censée être tenue au courant de tout mouvement financier en ma qualité de trésorière de l'association et cosignataire sur le chèque. Malheureusement, la présidente préférait travailler en solo, en dépit des textes régissant le mouvement associatif », a déclaré Mlle Sadat, trésorière « relevée de son poste à son insu ». De nombreux chèques témoins photocopiés qui ont été remis à la presse tendent à susciter la suspicion. L'on peut constater en effet que plusieurs chèques représentant des centaines de millions ont été libellés aux noms de personnes « employées » à SOSFD. « Nous n'avons pas cessé d'interpeller la présidente pour tirer tout cela au clair. Rien à faire. Elle ne voulait pas parler de bilan comptable. La logique voudrait qu'avant de nous mettre dehors, Meriem Belala se devait de m'exiger un rapport comptable et financier », soutient Mlle Sadat. Fettouma Ouzgane a souligné que la plainte contre Meriem Belala a été déposée il y plus d'une année. Les ministères de l'Intérieur et de la Solidarité ont été tenus informés de cette démarche. « Aucune réaction n'est à relever jusqu'à ce jour. Nous ne pouvons expliquer ce silence », souligne la moudjahida.