Le dernier bilan des morts américains en Irak onstitue un nouvel écueil pour George Bush, dans l'attente de l'annonce, en janvier prochain, de sa nouvelle stratégie dans la conduite de la guerre dans ce pays. “Les Américains vont apprendre que le seuil important des 2 973 morts du 11 septembre est atteint. La presse va le signaler et les gens vont faire le rapport” avec la politique de leur président en Irak, estime Eric Davis, professeur de sciences politiques au Middlebury College dans le Vermont. Il ajoute que le président, en fin de mandat et qui a perdu la majorité au Congrès, a perdu presque toute sa crédibilité sur l'Irak. Ce constat intervient au moment où un récent sondage, réalisé par CNN, indique que 70 % des Américains désapprouvent la politique de leur président en Irak. Un autre analyste et expert respecté des questions militaires, Anthony Cordesman, affirme : “Comme l'Afghanistan et la guerre plus générale contre le terrorisme, la guerre en Irak est une guerre longue. Elle peut être perdue avec une vitesse stupéfiante. Elle ne peut être gagnée qu'avec de la patience, de la persévérance, du temps et des moyens.” Selon lui, “l'administration Bush n'a pas réussi à faire passer ce message dans l'opinion”, et le gouvernement “a également échoué à faire état franchement des problèmes et des risques de cette guerre”. Ceci étant, les quelque 3 000 soldats américains, tués en Irak depuis le début du conflit en mars 2003, ne représentent qu'une petite fraction des victimes militaires, parce que les progrès de la médecine ayant augmenté les chances de survie des blessés, selon les statistiques du Pentagone. D'après les statistiques, pour chaque soldat américain tué en Irak, plus de sept autres ont été blessés au combat. Ainsi, comparativement aux précédents conflits, les chances de survie des blessés ont fortement progressé grâce, notamment, à des soins médicaux rapides et largement améliorés, mais aussi aux nouveaux équipements de protection et à une meilleure surveillance aérienne. Un rapport du GAO, une agence fédérale de contrôle, indiquait en juin dernier : “Pendant la Deuxième Guerre mondiale, environ 30 % des soldats américains blessés au combat sont morts.” Au cours des opérations en Irak et en Afghanistan ces dernières années, cette proportion est tombée à 3 %. En contrepartie, beaucoup de ces blessés rentrent avec des handicaps graves, notamment des lésions au cerveau ou des membres amputés, note également le rapport. La nature du conflit en Irak diffère également des guerres au Vietnam ou en Corée, où les soldats devaient mener des batailles importantes contre des forces conventionnelles bien armées et très motivées. En Irak, les militaires américains affrontent une insurrection tout aussi déterminée, mais qui s'appuie sur un seul type d'armes : des bombes installées sur les routes, parfois suffisamment sophistiquées pour perforer les protections, la plupart du temps de simples explosifs d'artillerie actionnés à distance. Dans ce cas, l'armée américaine a pris ses dispositions en installant des équipes chirurgicales aussi proches que possible des zones de combat, afin de prendre rapidement en charge les blessés dont le pronostic vital est engagé pour les stabiliser et les évacuer, a récemment expliqué William Winkenwerder, adjoint au ministre de la Défense pour les affaires sanitaires, lors d'une réunion avec des experts. Ainsi, les soldats envoyés au front ont maintenant dans leur équipement des garrots spéciaux et des bandages hémostatiques, pour limiter les pertes de sang, et ils ont appris à s'en servir. De plus, les blessés graves sont désormais rapidement évacués vers l'Allemagne puis les Etats-Unis, à bord d'avions dont les équipages sont formés aux soins intensifs. K. A./Agences