C'est aujourd'hui qu'a lieu le renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation (Sénat). Cette opération électorale indirecte qui intéresse les grands électeurs (les élus locaux) verra la remise en jeu de 48 sièges au sein de cette institution comprenant 144 sénateurs en plus de 24 autres qui seront ultérieurement pourvus par le président de la République. Le déroulement de ce renouvellement a eu lieu au siège des wilayas sur l'ensemble du territoire national. La supervision et le contrôle de l'opération électoral sont confiés à trois magistrats désignés par le ministère de la justice qui constitueront le bureau de vote. L'enjeu de l'élection d'aujourd'hui réside dans l'identité du parti qui imposera son hégémonie sur la deuxième Chambre du Parlement. C'est d'ailleurs pour cette raison que les formations politiques engagées dans cette opération électorale (le FLN, le RND, le MSP, le RCD, le MRN et le FNA) restent mobilisées jusqu'à ce jour pour multiplier leurs chances de remporter des sièges au Sénat. Détenant 27 sièges desquels ne resteront que 10 dans cette institution, le FLN est la formation qui a toutes les chances de rafler la majorité. La raison en est que le corps électoral dans ce renouvellement partiel est constitué d'élus locaux (APC et APW) et que le parti de Abdelaziz Belkhadem, l'actuel Chef du gouvernement, détient la majorité au sein de 46 wilayas sur les 48 existantes. C'est ce qui fait que logiquement et concrètement parlant, le FLN devrait remporter la part du lion lors de cette élection, soit au maximum 46 sièges sur les 48 mis en jeu. Mais ces pronostics ont été quelque peu contrariés par des candidatures doubles voire triples émanant de cette formation. En ce sens que des élus locaux FLN non retenus en tant que candidats officiels du parti ont décidé de postuler au titre d'indépendants. Plus d'une vingtaine d'élus FLN sont concernés par cette dissidence. Cette attitude, qui contrarie les chances des candidats officiels du parti d'être élus sénateurs puisqu'elle crée une dispersion des voix entre plusieurs postulants de cette formation, a fait appel à des mesures dissuasives de la part de la direction de Belkhadem. La première de ces mesures est “le gel de l'appartenance au FLN de ces élus dissidents”. La seconde est leur présentation devant la commission de discipline. Ces mesures semblent porter leurs fruits puisque jusqu'à hier au moins une dizaine de ces élus ont décidé de geler leurs candidatures. C'est Saïd Bouhedja, le chargé de la communication au parti qui le dit pronostiquant le retrait d'autres élus FLN se présentant aux sénatoriales au titre d'indépendants : “Beaucoup se sont retirés puisqu'ils n'ont pas de chance de se faire élire. On a dit aux élus locaux qu'ils ne sont pas des nôtres”, note-t-il. Quoi qu'il en soit, le FLN devrait sortir grand vainqueur de l'élection d'aujourd'hui en détrônant le RND de son statut de parti majoritaire avec un minimum de 30 sièges. Le RND, quant à lui, qui détient actuellement 52 sièges desquels ne resteront que 18 perdra incontestablement sa majorité au Sénat. C'est que sa représentation locale n'est pas aussi importante que celle du FLN : “Les résultats du renouvellement des membres du Conseil de la nation est la résultante des élections locales de 2002”, a expliqué hier M'hamed Gazouz, président du groupe parlementaire du RND au Conseil de la nation. C'est d'ailleurs cette même formule qu'a utilisée le secrétaire général de ce parti, Ahmed Ouyahia, lors de ces différents déplacements dans le pays pour expliquer ses pronostics par rapport au rendez-vous d'aujourd'hui. Côté MRN de Abdallah Djaballah, cette formation engagée dans cette opération électorale a également des chances de remporter des sièges au Sénat lui qui n'en détient actuellement que deux. Ses chances son liées à ses résultats satisfaisants lors des élections locales de 2002. Le MSP, quant à lui, qui détient 10 sénateurs et qui verra le départ de deux d'entre eux, pourra également s'adjuger quelques sièges au Sénat s'il contracte des alliances pour ce faire. En tout état de cause, l'identité du parti devant imposer son hégémonie sur le Sénat sera connu aujourd'hui. Ce parti n'aura pas à jouer un rôle majeur au sein de cette institution qui n'a aucune prérogative législative. Le rôle de ce parti politique au Sénat devrait être plus prépondérant en cas de révision constitutionnelle devant revoir ses prérogatives. Ce qui fait que le véritable enjeu du renouvellement des membres du Conseil de la nation réside dans l'identité du tiers présidentiel ou plus exactement l'identité de celui devant occuper le perchoir du président du Sénat. Ce dernier devrait être un fidèle parmi les fidèles du Président dans le sens qu'il devra gérer une situation d'urgence à l'image d'une élection présidentielle anticipée, si un tel cas de figure devrait se présenter. NADIA MELLAL