Guernini, la deuxième commune de la daïra d'Aïn Oussera, est une petite bourgade enclavée. Située à 35 kilomètres au sud-ouest du chef-lieu de daïra, cette petite commune de 5 000 âmes, issue du découpage administratif de 1984, s'étale sur une superficie de 53 000 hectares. En plus de l'isolement, cette localité souffre d'un déficit flagrant en matière de développement et d'infrastructures. Un bureau de poste géré par un seul agent, une salle de soins, une brigade de gendarmerie, une unité de la police communale, une école et puis... rien ! Malgré son caractère typiquement pastoral, il est inconcevable que cette municipalité n'ait pas enregistré le moindre changement depuis deux décennies. Le président de l'APC en poste depuis octobre 2002, approché sur ce sujet, explique ce retard par “l'insécurité ayant causé un véritable exode durant la période communément appelée décennie noire”. Les citoyens, eux, pointent un doigt accusateur vers certains responsables locaux de les avoir laissés pour compte. L'un d'eux n'a pas trouvé mieux que d'affirmer : “Ecrivez dans votre journal que nous vivons au dessous de zéro.” Les habitants de cette partie de la wilaya de Djelfa sont coupés du monde : “Pas de téléphone fixe, absence de réseau mobile. Les projets de voirie reliant plusieurs localités telles El Makhloufi, Oued Loukhali et Loukat sont inachevés sur plusieurs bornes”, se plaint le président de l'association Ahl Errif. Cet état de fait oblige des dizaines d'écoliers à marcher pendant des heures pour rejoindre l'école. À ce sujet, si Guernini peut profiter de l'ouverture prochaine d'une route reliant El Khemis à Séguia sur la RN1, ceci ne peut prétendre combler le retard qu'enregistre la commune en matière de transport. Seuls deux minibus ont été réquisitionnés pour le transport des collégiens et des lycéens qui doivent, chaque jour que Dieu fait, effectuer la navette entre Guernini et Aïn Oussera pour suivre leurs études. À ce sujet, le président de l'exécutif communal tient à rassurer les parents d'élèves de l'ouverture dès la prochaine année scolaire d'un collège d'enseignement moyen doté de 13 salles de cours, un laboratoire, un atelier, une salle polyvalente et de plusieurs bureaux. Cette infrastructure bénéficiera, selon notre interlocuteur, de la construction de cinq logements de fonction à même d'assurer la stabilité au personnel administratif. En attendant, citoyens et responsables ne désespèrent pas de voir les autorités déclencher un véritable plan de développement pour cette commune qui a longtemps souffert de l'oubli. S. OUAHMED