Plus de dialogue avec Hamas, annonce le Fatah, qui accuse le gouvernement de rouler pour l'Iran. Les violences interpalestiniennes vont s'emballer. Le Fatah, le parti historique de la lutte des Palestiniens pour le recouvrement de leurs droits dont le président Abbas assume la direction, passe à la contre-offensive en accusant sans détour le Hamas de meurtrier de sang-froid. L'homme fort du Fatah à Gaza et bête noire du Hamas, le député Mohammad Dahlane, a menacé de riposter à toute attaque contre les partisans du Fatah, devant des milliers d'hommes armés scandant à l'adresse du mouvement islamiste : “La mort pour les meurtriers”. La manifestation se voulait une réponse au meurtre de Mohammed Ghraïb, un officier des services de sécurité de l'Autorité palestinienne, perpétré par la milice de Hamas. Sous pression face aux violences partisanes qui ont pris un tour sans précédent à Gaza et qui risque de s'étendre à la Cisjordanie, le président Abbas avait auparavant déclaré hors la loi une force armée du gouvernement Hamas, parallèle aux forces séculaires palestiniennes et qui ne travaille que pour les propres intérêts du mouvement islamiste. Haniyeh a de fait “légalisé” les milices de Hamas en les mettant sous la coupe de son ministre de l'Intérieur de la même famille politique. La Constitution de cette force est considérée comme la réponse de Hamas à l'appel, par Abbas, à des élections générales anticipées. Ce dernier accuse la force exécutive de Haniyeh, forte de 12 000 hommes, d'être à la source des troubles à Gaza et a exigé qu'elle soit fondue dans les services existants sous le contrôle de l'Autorité qui représente l'Etat. Pour un proche de Abbas, s'il existe un espace pour la diversité politique, il ne peut y avoir d'espace pour une diversité des services de sécurité qui représente un terreau fécond pour la guerre civile et les idées putschistes. En réalité, cette force avait été créée en avril 2006, un mois après l'investiture du gouvernement Hamas, dans le but de contrecarrer l'influence du Fatah qui a la mainmise sur les services de sécurité et le président Abbas avait même publié un décret la déclarant illégale. Hamas n'en avait pas tenu compte et avait déployé cette force quelques semaines inaugurant le cycle des heurts interpalestiniens. Hamas a vu dans la dernière décision de Abbas la main de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, et la preuve que le président de l'Autorité souhaite par tous les moyens perpétrer un coup d'Etat. Depuis le début de la semaine, les deux camps se livrent à une escalade dangereuse et l'emballement des violences interpalestiniennes n'est pas près de cesser. En attendant, Israël se frotte les mains et même doit attiser le feu pour que la situation dégénère en guerre ouverte. Le Fatah exige la tête du ministre de l'Intérieur Saïd Siyam à l'origine, selon lui, de l'assassinant du colonel des services palestiniens. Et de prévenir : “Il n'y aura pas de dialogue dans l'ombre des meurtres et du terrorisme pratiqués par le Hamas.” Lors de la manifestation monstre, qui a eu lieu dans le stade Yarmouk à Gaza, la plus grande manifestation du Fatah depuis la création de l'Autorité palestinienne en 1994, Hamas est accusé d'être contrôlé par l'Iran chiite. D. Bouatta