La lutte contre la corruption passe par la traduction de la volonté politique des dirigeants à travers “des actes concrets” et la création d'une dynamique nationale et citoyenne, et exige des investigations, de la sérénité et du temps. C'est la conclusion qui s'est dégagée jeudi du débat à la radio Chaîne II. Un débat qui a été organisé au centre Aïssa-Messaoudi, avec comme invité, le président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), Djilali Hadjadj. L'émission a été l'occasion, pour ce dernier, de s'exprimer sur l'affaire Khalifa. “Ce procès traduit une volonté politique au plus haut niveau de prendre le taureau par les cornes”, a-t-il déclaré, en saluant le “travail remarquable” fait avec “une certaine sérénité et maîtrise” par les magistrats. Le responsable de la section Algérie de Transparency International (TI) a aussi estimé qu' “un tabou s'est brisé”, à travers “'appel de ministres, de hauts fonctionnaires et de personnalités à la barre. Mais, c'est assez inquiétant”, a-t-il renchéri, en précisant que lorsqu' “un ministre ou un haut fonctionnaire est inculpé, le gouvernement doit prendre des mesures conservatoires à leur égard, demander leur démission et permettre à la justice de travailler dans de bonnes conditions”. Sur la question du transfert de Moumen Khalifa vers l'Algérie, Hadjadj a imputé la faute à la justice et au gouvernement britanniques. “Le gouvernement britannique n'a pas de volonté réelle pour extrader Khalifa ni pour lutter contre la corruption”, a-t-il confié, attestant que ce pays “est très frileux” sur les critères se rapportant notamment aux “droits de l'homme, l'indépendance de la justice, l'existence de la peine de mort et le respect des droits de la personne à extrader”. “On peut être d'accord sur les principes en général, mais il faut être très concret”, a ajouté l'intervenant. En rappelant que l'article 44 de la Convention des Nations unies contre la corruption, qui a été ratifiée par l'Algérie et la Grande-Bretagne, “ouvre une brèche pour faciliter l'extradition”. Plus loin, Hadjadj admettra pourtant que ledit article n'a pas de caractère “obligatoire” pour les parties membres. “La dynamique de lutte n'est pas enclenchée”. L'Algérie, figurant parmi les 10 ou 11 premiers pays à avoir ratifié la Convention onusienne, “n'a pas enclenché une dynamique nationale de lutte contre la corruption”. C'est l'avis du représentant de TI, pour qui une telle dynamique “suppose une stratégie nationale et un programme national impliquant la société civile”, ainsi que “du temps”. Pour l'invité de la chaîne II, les dirigeants doivent “retenir les leçons” et “prendre les mesures nécessaires pour que les scandales financiers ne se répètent plus”. À travers la mise en place de “contrôles indépendants et compétents”. Il a en outre plaidé pour “la réhabilitation” de la Cour des comptes et de l'Inspection générale des finances. H. Ameyar