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Illusions
Publié dans Liberté le 15 - 01 - 2007

Résumé : Daya profite d'une de ses visites, chez ses parents, pour demander à sa mère, de parler à son père. Elle veut qu'ils se réconcilient et acceptent Kamel, dans la famille. A son retour chez elle, elle découvre qu'il a eu un accident. Son père et des cousins sont là…
-Asseyez-vous, leur dit-elle. Je vais préparer du café…
- Non, répond l'un des cousins de son mari. Asseyez-vous et reprenez votre souffle. Vous êtes si pâle que je crois que vous allez vous évanouir ! Vous êtes sous le choc !
Kamel fait un peu de place sur le canapé et elle s'assied près de lui.
- C'est tout à fait normal que tu sois sous le choc, lui dit-il en prenant sa main. Comme tu peux le voir de tes yeux, je vais bien…
- Tu aurais pu mourir, murmure-t-elle.
- Ne t'inquiète pas, tu finiras ta vie avec moi, que tu le veuilles ou non ! On dit bien que la mauvaise graine ne part jamais seule, dit Kamel, pour plaisanter. Comment te sens-tu ?
- Je ne sais pas, j'ai l'impression de vivre un cauchemar ! Un vrai cauchemar…
Quand elle pense à la discussion qu'elle a eu avec sa mère, elle se dit que Kamel ne serait plus seul. Sa famille allait se réconcilier avec eux. La pire crainte de sa mère vient de se réaliser. S'ils décident de profiter de ce rapprochement pour lui rendre la vie impossible, son mariage ne tiendra pas longtemps.
- Tu devrais aller te reposer, lui dit Kamel.
Daya va dans sa chambre et s'adosse à la porte. Là, elle donne libre cours à ses larmes. Le choc, en apprenant qu'il a failli mourir, n'est rien par rapport à son inquiétude quant à la vie qu'ils vont mener une fois que sa belle-famille mettra son nez dans leurs affaires.
- Mon Dieu, ne nous abandonnez pas !
Elle se ressaisit et décide de ne pas s'attarder dans sa chambre. Elle ne veut pas les laisser seuls. Après s'être changée et passée dans la salle de bains, pour se rafraîchir le visage, elle retourne au salon. Elle est surprise de trouver son mari seul.
- Pourquoi sont-ils partis ?
- Ils ne pouvaient pas tarder plus longtemps, répond-il. Ils doivent trouver un taxi pour rentrer au village. Alors, ça va ?
- Comment pourrais-je aller bien ? réplique-t-elle. Tu reviens de loin…
- Oui, mais je suis encore là et je n'ai pas de blessures graves, dit-il en souriant. Et puis, grâce à cet accident dès que ma famille a appris la nouvelle, ils sont venus. Même si je ne voulais plus rien avoir à faire à eux, ils n'ont pas hésité à venir quand ils ont su ! ajoute-t-il avant de soupirer. Tu ne peux pas savoir comme je me sens mieux !
- Je veux bien te croire. Seulement, crois-tu qu'ils m'accepteront dans la famille ? Qu'ils n'en profiteront pas pour nous créer des problèmes ?
- S'ils osent le faire, je te jure que je leur demanderai de sortir de nos vies ! Je te jure qu'ils ne s'en prendront pas à toi pour la simple raison que je ne les laisserai pas faire !
- Puisque tu as juré, je te crois, répond-elle en souriant.
Le lendemain, Daya se rend à son travail pour s'excuser. Son responsable, déjà au courant de l'accident, lui accorde une avance sur son congé. La jeune femme lui promet de reprendre dès que son mari ira mieux. Avant de retourner chez elle, elle passe à la poste pour appeler son père. Il est en tournée.
Elle lui laisse un message auprès d'une collègue.
Elle ne se fait aucun doute sur le fait que le village doit être au courant. Elle espère que ses parents sauront dépasser leur rancune et se rapprocheront d'eux comme l'ont fait son beau-père et les cousins de son mari.
Elle profite pour acheter des légumes frais et du pain. Quand elle rentre chez elle, elle a une surprise qui la rend si heureuse qu'elle lâche les sachets et saute au cou de ses parents. Ils sont déjà là. Elle pleure. Elle a cru qu'il leur en faudrait du temps pour venir à eux. La jeune femme ne voit plus cet accident comme un événement malheureux mais comme une occasion pour qu'ils se retrouvent tous.
- Je suis si heureuse de vous voir… Comment avez-vous su ?
- Tu sais, les gens parlent, répond Mohand. Dès que j'ai su qu'il était blessé, j'ai décidé de venir. Ta mère était affolée, elle tenait à venir avec moi !
- Vous avez bien fait ! leur dit Daya en se baissant pour ramasser les paquets. Votre présence…
- Ne t'en fais pas, répond Mohand. On sera toujours là pour toi… pour vous, rectifie-t-il en jetant un coup d'œil à son gendre. On ne veut que votre bonheur et que vous vivez en paix !
Mais à peine vient-il de finir cette phrase qu'on frappe à la porte. Daya va ouvrir. C'est sa belle-famille, venue nombreuse au point où l'appartement devient exigu. Elle s'efforce de les accueillir chaleureusement. La rencontre entre ses parents et ceux de Kamel, qui refusent de se saluer, n'est pas pour contribuer à leur bonheur. Les jeunes mariés en ont conscience et Kamel décide d'intervenir. Cela ne peut plus durer…
A. K.
(À suivre)


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