Le tribunal criminel près la cour de Blida a entendu hier le témoignage de Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie depuis juin 2001. Il était auparavant vice-gouverneur, membre du Conseil de la monnaie et du crédit. Mohamed Laksaci confirmera l'envoi du rapport sur les infractions relatives à la réglementation des changes effectué par la DGIG en novembre 2001 au ministère des Finances. Sans suite avant novembre 2002. Le responsable de la Banque centrale refusera de commenter ou de juger la gestion de son prédécesseur à la tête de l'institution rappelant qu'à l'époque de sa nomination “la loi est la même”. “Chacun est responsable de sa gestion. Chacun assume sa gestion”. Interrogé sur les infractions constatées à El Khalifa Bank depuis sa nomination en tant que gouverneur, il relèvera le fait que les comptes d'ordre “dépassaient de loin les 10%”. C'est ce qui a poussé, a-t-il dit, la BA à prendre la décision de geler toutes les opérations du commerce extérieur et de transfert d'El Khalifa Bank le 27 novembre 2002, décision confirmée par la CB le 2 décembre 2002. Suite au contrôle sur les opérations de transfert, la DGIG a “découvert des indices confirmant l'emballement des transferts de la banque”. Le “lien” a alors été fait entre “la fuite des capitaux et l'ampleur des comptes d'ordre”. “Nous avions des indices palpables que des fuites de capitaux ont eu lieu avant juillet 2002 et que même après le gel, il y a eu des sorties en devises par voie illégale”. El Khalifa Bank a utilisé le système des swifts et ses réserves de fonds chez ses correspondants à l'étranger pour le faire. Pour le gouverneur, si la décision de blocage du commerce extérieur et l'exclusion de KB du marché des changes n'avaient pas été prises “les fuites auraient été plus que démesurées”. Mohamed Laksaci relèvera également le renforcement des capacités de supervision et de contrôle bancaire de la Banque d'Algérie au cours des dernières années. Le tribunal criminel a également entendu le témoignage du secrétaire général du ministère des Finances qui a confirmé la réception du rapport de la BA et sa transmission au ministre des Finances de l'époque. Un rapport qui n'a pas entraîné de suite jusqu'à l'arrivée de Mohamed Terbeche. Le PG dira que Mourad Medelci a bien reçu le rapport, mais à “titre informatif”. Mohamed Terbeche chargera en novembre 2002 une commission composée du SG, du chef de l'IGF, du directeur du Trésor et de l'agent judiciaire du Trésor afin d'examiner et d'analyser le document. Il présentait selon le SG des Finances un vice de forme ne permettant pas une intervention du ministre des Finances. Une note d'information a été envoyée au Chef du gouvernement et au président de la République. D'où l'intégration des inspecteurs de l'IGF aux équipes de la DGIG pour la constations des infractions et la rédaction des PV. Le tribunal a également auditionné Abdelmadjid Amghar, président de la CTRF en sa qualité d'ancien chef de l'IGF. Ce dernier a confirmé les propos du SG des Finances. S. S.