Le ministre a annoncé la création, à la rentrée universitaire 2007-2008, d'une école supérieure des métiers de l'eau. Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, a laissé entendre, hier, que son département “a besoin du regard des chercheurs et des universitaires”, pour “situer les erreurs” et “réfléchir sur les insuffisances et les solutions”, en matière de gestion intégrée de la ressource de l'eau, d'envasement des barrages et de dessalement de l'eau de mer. En marge du 2e Colloque international sur l'eau et l'environnement, organisé par l'Ecole nationale supérieure de l'hydraulique (ENSH), à l'hôtel El Riadh de Sidi-Fredj (Alger), M. Sellal a estimé que “le rejet de la saumure sur la Méditerranée, suite au dessalement de l'eau, interpelle aussi bien l'Algérie que les autres pays du Maghreb et les riverains de la Méditerranée sur ses conséquences fâcheuses sur l'environnement”. Selon lui, la nécessité de la réflexion sur ce problème s'impose dès lors qu'il y a “risque de tension artérielle pour la Méditerranée”. Il s'est également félicité de la tenue de ce séminaire, qui intervient au lendemain d'une conférence internationale sur la problématique de la climatologie, qui s'est déroulée à Paris. En invitant les participants à rechercher “d'autres solutions”, y compris pour la problématique de l'envasement des barrages. “La formation des universitaires est une bonne chose pour l'Algérie, mais je dois dire que nous avons une insuffisance totale dans les problèmes particuliers de gestion de l'eau et de management”, a souligné le ministre. Avant d'annoncer la création, à la prochaine rentrée universitaire, d'une “grande école” qui formera pendant deux ans les titulaires d'un magistère et d'un ingéniorat aux “métiers de l'eau”. Pour Abdelmalek Sellal, l'ouverture d'une telle école est dictée par les “grands projets” lancés par son département pour régler le problème de la ressource hydraulique, notamment celui “des sept grands systèmes” de Béni Haroun, qui sera mis en place en mars 2006, et dont la capacité d'eau mobilisable est de 1,2 milliard de m3. “La gestion du projet de Béni Haroun est complexe. Le constructeur va, certes, gérer avec nous ce projet pendant 10 ans, mais l'Algérie doit prendre le relais”, a-t-il expliqué, en insistant sur la maîtrise de “la technicité et du savoir-faire dans la gestion des grandes infrastructures”. Par ailleurs, le ministre des Ressources en eau est revenu sur la politique “volontariste” menée dans son secteur, consacrant près de 12 milliards de dollars d'investissement hors dessalement. Il a rappelé l'objectif de réalisation de 69 barrages d'ici à 2009, pour permettre au pays de passer de 5,2 milliards de m3 d'eaux superficielles à plus de 7 milliards de m3. Il a aussi fait part de “la nouvelle vision” qui inclut “l'aménagement et la protection de l'environnement” dans les priorités. M. Sellal a ainsi informé de l'élaboration du plan national de développement des eaux pour l'horizon 2025, qui sera soumis bientôt au Conseil des ministres, de même que de la finalisation des études de 27 barrages. “En 2025, nous voulons arriver à 500 m3 par habitant”, a déclaré le ministre. Non sans rappeler que 70% de la population reçoivent actuellement l'eau tous les jours. Ce dernier a affirmé plus loin que parallèlement à ces projets lointains, une politique de dessalement de l'eau de mer est menée grâce aux possibilités financières, ambitionnant d'atteindre 2,3 m3 en 2009. “Nous voulons sécuriser les grandes cités du littoral et dégager un surplus au niveau des barrages, pour les diriger vers les Hauts-Plateaux et l'agriculture”, a soutenu M. Sellal. En évoquant également la politique de récupération des eaux usées et le lancement, dans ce cadre, d'une étude permettant la récupération de 600 m3 d'eaux usées d'ici à 2009-2010, contre 200 m3 récupérés actuellement. L'autre politique “offensive” du ministère des Ressources en eau concerne la réhabilitation des réseaux d'alimentation en eau potable (AEP) de 12 villes. Le but est de réduire les fuites d'eau qui s'élèveraient à 40 ou 50%. “La maintenance des eaux est un des problèmes de l'Algérie, mais il faut savoir que 18% de perte d'eau sont un seuil acceptable dans le monde”, a souligné M. Sellal. Celui-ci a, en outre, avisé du travail d'évaluation qui sera entamé fin février, en matière de rationalisation (ou réduction) de l'eau, ainsi que de l'augmentation des prix de l'eau “qui vient des barrages”, à partir de 2008. Avant de conclure : “Si tout le monde payait l'eau, nous n'aurons pas besoin de relever les prix.” H. Ameyar