La décision du gouvernement de Madrid, annoncée cette semaine par plusieurs médias, de réarmer les forces marocaines dévoile l'agenda occulte de la politique qui a toujours été celle de l'équipe actuelle au pouvoir en Espagne concernant le Sahara occidental. L'importance et la nature de ce “marché” aussi bien que la conjoncture présente démontrent que contrairement à “l'impartialité” ou encore “la position constructive” en faveur d'une solution juste et pacifique au conflit du Sahara occidental, maintes fois affirmée, le gouvernement espagnol se compromet plutôt dans une stratégie visant à conforter le régime marocain dans son escalade contre la légalité internationale et aux dépens de la stabilité du nord-ouest africain. L'équipement militaire destiné cette fois au Maroc (plus de 2 000 véhicules blindés et transport d'hommes, de troupes et matériels) semble être destiné pour satisfaire les besoins précis de ses troupes d'occupation (plus de 150 000 soldats cantonnés dans le mur) dans l'éventualité d'une reprise de la guerre au Sahara occidental. Par cette décision, l'Espagne, non seulement contrarie les efforts de paix déployés par la communauté internationale, mais collabore aussi à la création d'une ambiance psychologique d'avant-guerre gravissime pour les efforts de médiation des Nations unies et pour les perspectives de paix et de stabilité dans la région. Renforcer la capacité offensive du Maroc, alors que celui-ci viole systématiquement les droits de l'homme dans les zones occupées et rompt avec la légalité internationale en reniant l'autodétermination du peuple sahraoui et les plans de l'ONU pour leur substituer une proposition d'autonomie basée sur le perversion et la négation du droit international, est une décision grave en contradiction avec la politique de neutralité et les principes d'éthique et de respect de la légalité que le gouvernement socialiste prône. En plus d'être un affront à la position du concert de l'opinion publique espagnole concernant la question du Sahara occidental et un acte déloyal et de trahison contre le peuple sahraoui semblable aux accords de Madrid de 1975, le réarmement, par le gouvernement espagnol, des forces militaires marocaines dans des circonstances où le bon sens exige la préservation et l'affermissement des efforts de paix, est un acte très fâcheux pour ses répercussions militaires et diplomatiques et implique l'auto-exclusion de l'Espagne du groupe de pays amis du processus de paix ainsi que sa disqualification de toute médiation future dans le conflit. Cela dit, et face aux graves événements prochains qui vont marquer, sans aucun doute, le commencement d'une étape de plus dans l'interminable tragédie du peuple sahraoui qui dure depuis trois décennies à cause de la politique du gouvernement espagnol de l'époque, le gouvernement sahraoui et le Front Polisario appellent la société civile espagnole et toutes les forces politiques démocratiques à intervenir en urgence pour stopper cette regrettable opération, dont les effets sur la paix et la stabilité dans la région sont imprédictibles.