Le gouvernement sahraoui a dénoncé, hier, la récente conclusion d'un « contrat militaire » entre le gouvernement socialiste d'Espagne et le Maroc. Qualifiant cette décision espagnole de « grave », le porte-parole du gouvernement sahraoui a estimé, dans un communiqué parvenu à la rédaction, que celle-ci (la décision) « contrarie les efforts de paix déployés par la communauté internationale » pour un règlement juste du conflit du Sahara occidental. « Par cette décision, l'Espagne, non seulement contrarie les efforts de paix déployés par la communauté internationale, elle collabore aussi à la création d'un climat psychologique d'avant-guerre, gravissime pour les efforts de médiation des Nations unies et pour les perspectives de paix et de stabilité dans la région », selon le porte-parole du gouvernement de la RASD. Les autorités sahraouies estiment, dans le même communiqué, que « l'importance et la nature » de ce « marché » démontrent que, contrairement à l'« impartialité » ou encore « la position constructive » en faveur d'une solution juste au conflit du Sahara occidental, le gouvernement espagnol « se compromet dans une stratégie visant à conforter le régime marocain dans son escalade contre la légalité internationale et aux dépens de la stabilité dans le Nord-Ouest africain ». Contacté hier, l'ambassadeur de la RASD à Alger, Mohamed Yeslem Beisset, a estimé, pour sa part, que cette décision, rapportée, selon lui, par El Pais, ne vise pas uniquement les Sahraouis, mais tout le Maghreb. « C'est un geste révélateur de la vraie politique espagnole concernant l'Afrique du Nord », a-t-il dit. « L'Espagne prône une politique très cynique et irresponsable visant la déstabilisation du Maghreb », a-t-il ajouté. Redoutant le renforcement de « la capacité offensive du Maroc », la RASD considère que « cette décision est grave et en contradiction avec la politique de neutralité et les principes d'éthique et de respect de la légalité que le gouvernement espagnol prône ». « En plus d'être un affront (...), le réarmement par le gouvernement espagnol des forces militaires marocaines est un acte fâcheux pour ses répercutions militaires et diplomatiques », ajoute le même communiqué. Le gouvernement sahraoui appelle de ce fait la société civile et toutes les forces politiques démocratiques espagnoles à « intervenir en urgence pour stopper cette regrettable opération dont les effets sur la paix et la stabilité dans la région sont imprévisibles », conclut la déclaration. Willy Meyer, eurodéputé du parti de la gauche unie d'Espagne, a dénoncé, jeudi à Bruxelles, la conclusion de ce « contrat militaire ». Pour lui, « le chef du gouvernement espagnol, M. Zapatero, a renoncé à exercer son obligation d'administrer le processus de décolonisation sous les auspices du Conseil de sécurité des Nations unies, se pliant aux intérêts du Maroc qui rejette systématiquement les résolutions de l'ONU ». Selon ce parti, le contrat « s'élève à 200 millions d'euros, soit la moitié du total des exportations espagnoles de matériel militaire en 2005, et porte notamment sur la vente au Maroc de 1200 blindés et 800 camions militaires ». Ceci alors que le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a réaffirmé, le même jour à Madrid, le « principe de l'autodétermination » dans toute solution au conflit du Sahara occidental. Toute proposition dans ce conflit doit « tendre à trouver une solution définitive, politique, durable, mutuellement acceptable et qui assume le principe de l'autodétermination », a déclaré M. Moratinos. Le chef de la diplomatie espagnole a ajouté que toute proposition devrait s'inscrire dans la « dynamique de dialogue entre les parties et dans le cadre des Nations unies ». Il a affirmé, en outre, « l'engagement » du gouvernement espagnol à « travailler activement pour dépasser la situation de blocage dans laquelle se trouve en ce moment le conflit du Sahara occidental ».