Le témoignage du sous-directeur portera aussi sur la tentative du staff régional de résoudre le problème “à l'amiable”. Le contentieux né au lendemain du refus de la BCIA d'honorer les 41 traites avalisées aurait pu être réglé à l'amiable entre la banque privée et la BEA, n'étaient-ce des considérations qui ont influé négativement sur la suite des opérations. Un constat résumant d'emblée le témoignage de Jaâfri Bouhdjar, sous-directeur de l'exploitation à la direction régionale ouest de la BEA, qui a témoigné assis en face du juge. Appelé à la barre, il est revenu sur la chronique de l'affaire en expliquant le retard pris dans l'acheminement de l'information entre les différentes hiérarchies. “J'ai reçu une communication, le 13 mai 2003 à midi, de la part du directeur d'agence de l'Emir m'informant du refus de la BCIA d'honorer 41 traites pour dépassement de la durée réglementaire. Le directeur régional étant absent, et les journées qui ont suivi, coïncidant avec des jours fériés, ont fait que je n'ai informé mon supérieur que le 18 mai.” Le témoignage du sous-directeur portera aussi sur la tentative du staff régional de résoudre le problème “à l'amiable”. Ils seront quatre à se présenter au siège de la banque privée et à rencontrer Kharroubi Ahmed. La délégation était composée de Baghdadi, Elwed, Adda et du témoin. “Kharroubi nous a reçus en s'engageant à honorer les traites de tous les clients hormis celles de Sotrapla sous prétexte que cette dernière devait lui présenter d'autres garanties. Il a également abordé le sujet de la révision des taux d'intérêt.” L'entrevue terminée, Jaâfri et les autres reprennent le chemin de la direction régionale où se tiendra une réunion restreinte au directeur régional et Adda Larbi, le directeur de l'agence Yougoslavie. “Baghdadi a convoqué Adda dans son bureau pour lui soumettre un questionnaire en présence d'un huissier de justice”, dira-t-il encore. Un rapport est ensuite envoyé à la direction générale suivi d'un dépôt de plainte. Jaâfri parlera aussi, en réponse aux questions du président du tribunal, de ses missions qui consistaient, entre autres, en l'étude des dossiers de crédit. “Je donnais un avis et le dossier était transmis à Alger”, expliquera-t-il. Le témoin reviendra sur les traites et rappellera que les différentes agences de la BEA à l'Ouest envoyaient des statistiques mensuelles à la direction régionale et que le premier responsable n'a jamais émis des réserves les concernant. L'autre témoin appelé à la barre est Henni Lakhdar, inspecteur principal à la direction régionale de la BEA. Sur les 41 traites rejetées par la BCIA, il dira qu'elles étaient régulières dans la forme. Le témoin, actuellement à la retraite, dira avoir pris part à deux inspections effectuées en 2001 en constatant certaines anomalies. “On ne disposait pas de pouvoir décisionnel, et on n'a pu qu'établir des recommandations”, précisera-t-il. Cinq copies du rapport sont ainsi établies à chaque inspection et dispatchées, par la suite, sur les directions centrale, régionale et locale. L'on notera, toutefois, l'absence de plusieurs témoins cités. L'après-midi a vu l'audition d'autres témoins de l'affaire, alors que l'audience d'aujourd'hui sera également consacrée à ce qui reste des témoignages. SAïD OUSSAD