L'ambiance était tendue, hier, au tribunal de Blida. Le procès de la caisse principale de Khalifa Ban, qui apporte tous les jours son lot de révélations, commence néanmoins, prendre du temps. L'audience a été entamée, hier, par l'interrogatoire de M. Tebboub Youssef, secrétaire général de la Cosob, organisme ayant pour but de réguler le marché financier. Celui-ci soulignera que cet organisme "a fait un placement en 7 dépôts à la banque Khalifa, agence d'El Harrach, d'un montant global de 167 millions de dinars, à un taux d'intérêt de 9,9%". Il insistera, néanmoins, sur le fait que "cet établissement a récupéré la totalité de la somme déposée et cela en février 2003, quand le président-directeur général de la Cosob a su que Khalifa Bank avait quelques difficultés". La présidente interrogera ensuite le témoin sur la possibilité d'avoir bénéficié de quelque avantage proposé par la banque Khalifa. M. Tebboub dira qu'"en effet nous avons bénéficié de cartes d'accès gratuit au complexe de Thalassothérapie de Sidi Fredj, apportées par M. Sighli à nos bureaux, et qui étaient destinées à moi et au P-DG, dans deux enveloppes différentes". Il ajoute dans le même contexte : "je ne me suis jamais servi de cette carte, car j'avais pensé que cette dernière était une tentative de corruption". Par ailleurs, M. Boughada Abdennour, directeur général de la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac) a souligné, hier, à la barre que "cette caisse à fait un placement de l'ordre de 187 milliards de centimes à l'agence d'El Harrach dans la période allant de 2001 à 2002 pour un taux d'intérêt de 11% et c'est M. Ait Belkacem Mahrez qui occupait le poste de DG à ce moment-là". Il ajoute, dans ce contexte, que cet argent représentait une partie des cotisations retenues à la source sur les salaires des travailleurs. Sur ce la magistrate lui demandera s'ils ont retiré l'argent déposé ? Le témoin répondra : "Non". La juge le relancera en l'interrogeant si les membres du conseil d'administration étaient d'accord pour le placement de cette somme à Khalifa Bank. Le DG actuel de la Cnac indiquera que "le placement a été fait sans l'accord du conseil d'administration et cela afin de bénéficier des avantages proposés par le groupe Khalifa tel que les cartes d'accès gratuit pour le complexe de Thalassothérapie de Sidi Fredj ou les billets gratuits à Khalifa Airways". Il faut dire que la présidente précisera que lors du témoignage du ministre des Finances, M. Mourad Medelci, celui-ci avait affirmé qu'il avait appelé toutes les institutions à déposer leurs participations au Trésor afin de protéger cet argent. En attendant la venue des témoins concernant le dossier de l'agence, El Harrach, la présidente a préféré passer à l'agence Khalifa d'Oran. Elle appela à cet effet l'inculpé M. Ghars Hakim, directeur de l'agence en question. Celui-ci soulignera qu'il travaillait à la BDL de Ouargla avant de rejoindre le groupe Khalifa en Septembre 2001. Mme Brahimi lui précisera que le liquidateur a constaté un trou de 5 533 milliards de centimes au niveau de cette agence. L'accusé indiquera que lors du démarrage de cette agence, en 1999, il n'avait pas de comptes courants ; c'est pour cette raison qu'il envoyait l'argent à la caisse principale dans des sacs avec des convoyeurs de fonds dans les avions de Khalifa Airways, "et on a continué à suivre ce rythme jusqu'à janvier 2000". Il ajoute que "l'agence n'avait pas également de compte en devise". Sur la question de la juge concernant la relation qu'il entretenait avec le président-directeur général, M. Ghars dira : "il m'a appelé une fois et m'a demandé de suivre les instructions de M. Baichi Faouzi comme si c'était les siennes, parce qu'il était directeur de la trésorerie des agences Khalifa. Il est venu et je lui ait donné 1,5 million de FF, et moi j'envoyais les écritures entre sièges par courrier à l'agence de Chéraga puisqu'il ne m'a signé aucun bon pour ce retrait". Ghars ajoute que "le P-DG m'a rappelé une autre fois pour remettre quelque 2 millions de dinars à une personne qui m'était inconnue, et il m'est arrivé une fois, en présence de M. Baichi, de remettre au président du club MCO la somme de 13 000 FF". A ce moment là Mme Brahimi Fatiha appellera M. Akli Youcef qui était, pour rappel, le caissier principal à Khalifa Bank. C'est à cet instant qu'une violente altercation a opposé la présidente et l'avocat de celui-ci. En effet, maître Dilem Youcef a pris la parole sans qu'elle lui ait été donnée par la présidente. Il dira à la présidente : "Vous appelez à tout bout de champ mon client alors qu'il n'est pas le seul accusé dans cette affaire et que ce procès n'est nullement une affaire qui concerne la seule présidente mais qui concerne tous les Algériens, c'est une affaire d'Etat". C'est alors que Mme Brahimi s'emporta et lui exigea des excuses en soulignant que l'accusé est innocent jusqu'à preuve du contraire et que le respect dont elle fait preuve même avec les inculpés on ne le trouvera dans aucune autre cour. De son côté, Maître Mokrane Ait Larbi est intervenu pour calmer les esprits ; il faut dire que maître Dilem a refusé de présenter ses excuses à la cour, mais après la levée de l'audience tout est rentré dans l'ordre.