La fondation plaide pour la signature d'un traité d'amitié entre l'Algérie et la France, mais remet sur le tapis ses exigences d'une repentance de la France pour ses crimes coloniaux. Les débats et les polémiques qui traversent la campagne pour la présidentielle française ne laissent pas indifférente la Fondation du 8-Mai-1945 qui a appelé les associations issues de l'émigration à peser dans cette bataille électorale en exigeant des candidats “des engagements fermes et clairement exprimés en faveur de la conclusion d'un traité d'amitié franco-algérien”. “La France s'apprête à élire son président de la République. La chasse aux voix bat d'ores et déjà son plein. Celles des Français communément appelés Beurs sont convoitées vu leur importance numérique, donc leur impact (…) Il ne s'agit nullement pour eux d'un sentiment de déchirement, mais, au contraire, d'une quête de rapprochement. La levée du contentieux né du passé colonial entre leurs deux patries conditionne ce dernier”, estime l'association dans un communiqué rendu public hier et signé par son secrétaire général, M. Makhlouf Aouli. La fondation, qui plaide ainsi pour la signature d'un traité d'amitié “définissant des relations débarrassées à jamais de cet insupportable anachronisme”, réitère, cependant, ses exigences “d'une reconnaissance et d'une condamnation sans équivoque des crimes contre la personnalité algérienne tant dans sa dimension humaine, culturelle, économique que sociale du fait du colonialisme français”. Pour l'association, “c'est la condition sine qua non à un nouveau départ débarrassé à jamais du spectre des scories de l'histoire coloniale”. D'ailleurs, elle a fait de cette revendication d'“une expression claire et sans équivoque” de la France officielle “de ses regrets” et d'une “demande de pardon”, son credo et son leitmotiv depuis sa création en mai 1990. Ceci dit, la fondation tient tout de même à préciser que cette démarche ne répond pas à une quelconque idée de “revanche ou esprit de vengeance”, mais, “par devoir de mémoire envers nos martyrs et les sacrifices, durant la nuit coloniale, consentis par le peuple algérien, on ne saurait oublier les razzias, la déculturation, la famine, l'asservissement, la ségrégation, les meurtres individuels et collectifs, la torture, la privation des libertés, la dépossession des biens et des terres…” Malgré toutes ces injustices, fait encore remarquer la fondation, les souffrances et les atteintes qu'ont endurées les Algériens du fait du colonialisme barbare, elle a toujours axé sa démarche en faveur d'une réconciliation entre les peuples algérien et français dans le cadre de l'entente, du respect mutuel et au mieux des intérêts réciproques. Il s'agit, note également la fondation, de “contribuer à la création des meilleures conditions de mise en place de bases nouvelles levant les hypothèques nées du fait colonial, en vue de l'instauration de relations (entre les deux pays) futures harmonieuses”. La fondation rappelle, dans ce cadre, que cette volonté de sa part s'est concrétisée par l'établissement de relations sincères et pérennes avec des associations françaises animées des mêmes intentions de compréhension, de coopération et de solidarité. Une telle vision tend, selon la fondation, à “bâtir, ensemble, des relations entre les deux pays sur un fondement d'égalité, de complémentarité et de civilité, s'inscrivant ainsi dans une démarche de continuité des rapports entre la Fédération de France du FLN et “les porteurs de valises” ou “les frères des frères”, de l'action des syndicats et organisations progressistes et des intellectuels, de l'appel des 121 durant la guerre d'Algérie”. H. S.