“Entre le 3 mai 2003, date de l'éclatement de l'affaire de la BCIA et le 22 mai 2003, date de la découverte du pot aux roses de la dilapidation de 1 320 milliards de centimes, préjudice causé à la BEA, nous nous sommes empressés de porter plainte contre des responsables activant au niveau de l'agence BEA de Médioni”, a déclaré, hier, Djamel Baghdadi, dans le cadre du procès de la BCIA qui se déroule au tribunal criminel à Oran. Le directeur régional de la Banque extérieure d'Algérie a fourni des explications précises au sujet de l'escompte des traites avalisées d'un montant de 400 milliards de centimes. Selon lui, Addou Samir, gérant de Sotrapla, et Ahmed Fouatih, gérant de la sarl Fouatih Nebia, “ont manqué à leur engagement concernant le remboursement de 400 milliards de centimes qu'ils devaient à la BEA”. Le représentant du ministère public s'adresse à Djamel Baghdadi et lui demande d'être plus explicite. “Si les gérants de Sotrapla et de Fouatih Nebia avaient procédé à la régularisation de leurs créances, nous n'aurions pas déposé une plainte contre eux”, affirme le directeur régional de la BEA. Il ajoute que des sanctions administratives auraient suffi contre le chef d'agence de la BEA de Médioni si l'argent avait été restitué. Un avocat de la défense demande au directeur régional de la BEA si les traites avalisées à Sig, portant sur une somme de 300 milliards de centimes, ont une relation avec les deux gérants de Sotrapla et de Fouatih Nebia. Djamel Baghdadi répond affirmativement, en prenant le soin de relever le “caractère relationnel” entre les deux gérants : “Oui, il y a une relation directe dans l'escompte des traites de Fouatih Nebia et des clients résidant à Sig.” Il ajoute sur la base de comptes avérés “qu'une partie des chèques émis par Fouatih Nebia est partie de la BEA de Sig sur la BEA d'Alger et une autre partie de l'agence BEA Médioni (Oran) sur le compte de Sotrapla”. Un avocat de la défense fera remarquer au directeur régional de la BEA toute la reconnaissance de la direction générale de la Banque extérieure d'Algérie relative aux capacités professionnelles et au dévouement exemplaire de Adda Larbi, ex-chef d'agence de la BEA de Médioni, aujourd'hui dans le box des accusés. Djamel Baghdadi ne nie pas les faits, reconnaissant avoir envoyé en 2002 une lettre de félicitations à Adda Larbi dans laquelle il met en évidence “les prouesses du chef d'agence en termes de ressources bancaires atteints à 79%”. Il n'en fallait pas plus pour l'avocat de défense qui tente d'épingler le directeur régional de la BEA. “Si Djamel Baghdadi affirme devant la cour le professionnalisme de mon mandant et la transparence dans la conduite des opérations bancaires, sur quelle base Adda Larbi a-t-il été accusé dans cette affaire ?” Le directeur régional de la BEA ne se départit pas et réplique : “La lettre de félicitations dont fait allusion l'avocat de la défense a été adressée par mes soins à Adda Larbi en 2002, c'est-à-dire antérieurement à l'éclatement de l'affaire.” Djamel Baghdadi confirme aussi que “les crédits accordés par Adda Larbi n'ont jamais figuré dans les états comptables envoyés à la hiérarchie”. B. Ghrissi