Contrairement à son ministre de l'Intérieur, lequel se basant sur des considérations purement techniques a exclu tout lien entre les attentats d'Alger et les événements terroristes de Casablanca, Mohammed VI estime qu'autant que l'Algérie, le Maroc fait partie des cibles visées par le terrorisme dans la région. Exprimant sa compassion, ses condoléances et sa solidarité avec l'Algérie dans un message de condoléances au chef de l'Etat, le souverain marocain condamne vigoureusement les attentats suicide qui ont frappé Alger, et estime que le Maroc compte également parmi les cibles “visées par les noirs desseins qui l'ont motivé”. Dans sa lettre, où il exprime au président Bouteflika sa “vigoureuse condamnation de cet acte terroriste odieux que récusent toutes les religions et toutes les lois”, le roi du Maroc affirme avoir appris avec “une profonde tristesse, une grande émotion et une très forte indignation la nouvelle des attentats terroristes qui ont frappé Alger”. Infirmant, les déclaration du ministre de l'Intérieur marocain, lequel assurait qu'il n'y avait pas de relations entre les attentats d'Alger et la recrudescence de l'activité terroriste au Maroc, Mohammed VI dira qu'il est “convaincu que la sécurité de notre voisin, l'Algérie sœur, fait partie intégrante de la sécurité du royaume du Maroc, voire de la stabilité de la région maghrébine en particulier et, plus largement, de l'Afrique du Nord, du sud-ouest de la Méditerranée et de la région du Sahel et du Sahara”. Dans le même ordre d'idées, il ajoutera : “Ce forfait n'a pas atteint la seule Algérie, car nous estimons que votre deuxième pays, le Maroc, compte parmi les cibles qui sont visées par les noirs desseins qui l'ont motivé”. Partant de cette certitude, le souverain chérifien affichera sa volonté de continuer à œuvrer, de concert avec le président algérien et avec tous les dirigeants des cinq Etats du Maghreb, “pour assurer la protection de nos peuples et de nos pays, et les prémunir des risques et des périls de les voir se muer en base de terrorisme hideux et exécrable”. Estimant inéluctable “la coopération et la solidarité pour concrétiser les aspirations légitimes et réelles de nos peuples frères et pour conforter la présence de nos pays à l'échelle régionale et internationale”, Mohammed VI soulignera que “l'unité, la complémentarité et les objectifs d'intégration” font qu'“il nous incombe, en effet, de mobiliser toutes les énergies, de multiplier les actions de coopération loyale et sincère et d'intensifier les efforts pour assurer une parfaite coordination”. Il se déclarera convaincu que sous la conduite éclairée du président Bouteflika, le peuple algérien, “fort des valeurs et idéaux universels auxquels il est attaché, possède les ressorts nécessaires pour dépasser le cycle infernal du terrorisme et mettre un terme définitif à ce phénomène hideux, en en extirpant les racines et en en effaçant les effets résiduels”. Le roi du Maroc indiquera avoir “la certitude que rien n'entamera la volonté de votre peuple de vaincre les démons de l'extrémisme et de la violence. Nous le savons déterminé à poursuivre sa marche civilisationnelle et à consolider la concorde et la réconciliation nationales, nobles valeurs s'il en est, que vous êtes parvenu à ancrer dans les esprits et auxquelles vous avez réussi à donner un contenu concret et palpable”, parce qu'il se dira persuadé que “nous sommes tous visés, et que tous ceux qui, dans le monde, croient aux valeurs religieuses et aux règles démocratiques, notamment celles prônées par l'Islam, constituent aujourd'hui une cible potentielle”. Enfin, il conclura son message en assurant que sa solidarité est acquise au peuple algérien, “dans l'adversité comme dans la joie”. K. ABDELKAMEL