Les islamistes radicaux violents sont “marginaux” au Maroc et n'ont ni les appuis ni les compétences nécessaires pour menacer la sécurité de ce pays où les modérés sont bien implantés, affirme Abdelilah Benkirane, un responsable du principal parti islamiste d'opposition marocain. Il est également l'un des dirigeants de l'association islamiste Attaouhid oual islah (Unité et réforme). Le mouvement islamiste marocain s'articule principalement autour du PJD et d'Al Adal oual Ihsane (Justice et charité), une organisation qui n'est pas légale mais tolérée par les autorités, lesquelles répriment sporadiquement ses membres pour l'empêcher de prendre de l'ampleur. Selon ce leader islamiste, “ce sont de petits groupes marginaux dotés d'une organisation rudimentaire et de méthodes artisanales”. Il n'en demeure pas moins qu'il est contredit par les défenseurs de la laïcité, parmi les élites marocaines, qui estiment que les islamistes, même modérés, sont en partie “moralement responsables” du radicalisme en raison de leurs discours et leurs idées qu'ils disent “intolérantes”. Pour Abdelilah Benkirane, dont le parti politique pourrait faire un bon score lors des législatives de septembre prochain et, dans le cadre d'une coalition, fournir au gouvernement marocain ses premiers ministres islamistes, juge infondée la crainte de l'émergence d'un islamisme violent au Maroc. Il estime, en effet, que les islamistes modérés, influents, protègent le pays de cette menace. Se référant aux attentats de 2003, où 13 kamikazes se sont fait sauter, tuant 32 autres personnes à Casablanca, Benkirane souligne qu'“entre le 16 mai 2003 et aujourd'hui, beaucoup de temps s'est écoulé”. Il ajoutera : “Cela prouve que le mouvement islamiste dans son ensemble et la société marocaine sont foncièrement sains.” Ceci étant, le PJD approuve la monarchie et le statut de commandeur des croyants du roi, alors que Adal, qui n'accepte pas le postulat selon lequel le monarque est le seul chef religieux du royaume, est favorable à des réformes qui comprendraient notamment une réduction des pouvoirs monarchiques. Adal qui, de manière générale, est en concurrence avec le PJD — à l'exception de rares exemples de collaboration — compte, selon des estimations, 200 000 membres et sympathisants. Dans ce cadre, Benkirane soulignera qu'“au début des années 1980, avec Al Adal, nous avons décidé que nos mouvements seraient pacifiques et rejetteraient toute relation avec la violence. C'était une décision fondée sur les principes et qui n'était pas motivée par l'équilibre des pouvoirs”. S'accrochant à ses idées, il expliquera : “Notre position, qui résulte de notre conviction et de nos croyances religieuses profondes, est que l'action au sein de la société ne doit pas tolérer la violence. Tolérer la violence est nuisible.” R. I./Agences