Diplomatie n Un éventuel échec des négociations devant commencer lundi près de New York peut conduire, selon bon nombre d'observateurs, à un retour des hostilités. Dans le cadre du référendum libre placé sous l'égide de l'ONU, le Polisario «est prêt à accepter tout choix du peuple sahraoui, y compris la proposition marocaine», c'est ce qu'a annoncé hier, vendredi, le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, dans une interview accordée à la chaîne Al-Jazeera. «Le sort définitif du Sahara occidental appartient au peuple sahraoui. Nous ne nous opposons pas à ce que la proposition marocaine soit présentée au peuple sahraoui dans le cadre d'un référendum libre et démocratique organisé et supervisé par les Nations unies», a-t-il expliqué tout en insistant sur le fait que cette proposition marocaine devait être présentée en même temps que «les autres propositions, y compris celle de l'indépendance nationale ou du rattachement au royaume marocain». «Si les Sahraouis choisissent d'adopter la proposition marocaine» lors d'un référendum, «ils l'auront», a-t-il dit. Le projet marocain prévoit l'octroi d'une «large autonomie aux provinces sahariennes sous la souveraineté du Maroc». Il prévoit également des négociations entre les parties ainsi que l'organisation d'un référendum pour entériner le projet d'autonomie. Ce projet doit être examiné, faut-il le rappeler, lundi à Manhasset, près de New York, par le Conseil de sécurité de l'ONU qui avait appelé le 30 avril, dans sa résolution 1754, le Maroc et le Front Polisario à négocier sans conditions l'avenir du Sahara occidental sous l'égide de l'ONU, en vue de parvenir à l'autodétermination du peuple sahraoui. Le Polisario a, lui aussi, présenté en avril un projet basé essentiellement sur le «droit à l'autodétermination du peuple sahraoui». Il est admis toutefois qu'un échec des négociations peut conduire à un retour des hostilités. Salem Salek, responsable de la diplomatie sahraouie, fait partie de ceux qui avancent cette thèse. «Le Polisario a choisi la voie pacifique, mais il ne peut rester les bras croisés. L'intransigeance du Maroc peut provoquer le retour aux hostilités», a-t-il dit, 48 heures avant l'ouverture des négociations de New York. «Ces négociations ont un cadre : les Nations unies, un moyen, le dialogue direct entre le Maroc et le Polisario et un objectif : l'application du droit à l'autodétermination au Sahara occidental. Nous y allons, animés d'une grande volonté politique d'aboutir et de bonne de foi», a dit M. Ould Salek. «Le Polisario n'a pas constaté la même volonté politique de la part de Mohammed VI», a-t-il ajouté. Il impute «l'intransigeance» du souverain à sa volonté de «revenir à la case départ, en reniant la signature de Hassan II», son père, mort en 1999. Hassan II avait signé l'accord sur un règlement politique du conflit et le cessez-le-feu puis, en septembre 1997, les accords de Houston, fondés sur le plan de l'ancien secrétaire d'Etat américain James Baker pour la tenue d'un référendum d'autodétermination. En cherchant à faire «table rase des accords signés», Mohammed VI «n'en est pas moins dans une impasse, car il faut qu'il repasse par l'autodétermination, base de travail de l'ONU».