Le leader de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, est monté au créneau dimanche en accentuant ses attaques contre le favori de la droite, Nicolas Sarkozy. Reprochant à ce dernier de viser une partie de son électorat, le patron du Front national n'a pas hésité à le traiter de “racaille politicienne”. Il l'a même accusé de “mépriser” le “sang français” et de n'avoir qu'une nationalité, la nationalité sarkozienne. “Vous n'avez pas perçu la formidable colère des Français, pillés, ruinés, désespérés contre la racaille politicienne, dont vous êtes l'un des chefs et l'un des emblèmes”, a-t-il notamment déclaré lors d'une réunion publique à Paris qui a rassemblé plus de 5 000 personnes. Il faisait référence à la volonté de M. Sarkozy de conquérir son électorat et le vote de “ceux qui ne votent plus”. Ceci étant, Nicolas Sarkozy a de nouveau affiché sa volonté de capter l'électorat de Jean-Marie Le Pen. “Cette France qui a porté Le Pen au deuxième tour, qui a voté non au référendum sur la Constitution européenne et à laquelle je veux m'adresser, elle est toujours là, les craintes des délocalisations existent. Je veux leur dire qu'il y a une autre possibilité que de s'abstenir ou de voter pour le Front national”, a déclaré le favori de l'élection présidentielle française. Les analystes s'accordent à dire qu'il ne s'est pas privé, durant ces dernières semaines, de concentrer sa campagne sur des thèmes qui ont été ceux de Jean-Marie Le Pen durant des années, tels que les risques de l'immigration pour “l'identité nationale”. Estimant que Nicolas Sarkozy empiétait sur ses plates-bandes, le chef de l'extrême droite avait alors dénoncé les origines hongroises du favori de la droite. Donnant l'impression d'en vouloir terriblement au système français, Jean-Marie Le Pen affirmera sans ambages que la France “qui semble au bord de la guerre civile, prélude éventuel à sa disparition pure et simple”. Continuant sur sa lancée, il accusera Sarkozy, la candidate socialiste Ségolène Royal et le centriste François Bayrou d'être “les enfants politiques de ceux qui ont conduit la France au désastre”. Confiant en ses chances de passer au second tour, il assurera à son auditoire : “Il y aura une, et peut-être deux grosses surprises ”, le 22 avril prochain. Il compte rééditer le séisme politique qu'il avait provoqué lors de la présidentielle de 2002 en éliminant au premier tour le candidat socialiste Lionel Jospin, avec près de 17% des voix. Les sondages le placent en quatrième position (12-15% des voix), derrière Nicolas Sarkozy (26 à 30%), Ségolène Royal (22-26%) et François Bayrou (17-21%). Mettant à profit la bagarre à laquelle se livrent Sarkozy et Le Pen, Ségolène Royal dira à leur sujet : “L'un est le candidat d'une brutalité qui inquiète, l'autre le candidat d'une équivoque qui trouble le débat. Les idées du premier font peur, et l'on peine à identifier celles du second.” K. ABDELKAMEL/Agences