Quelques jours après l'attentat, le second kamikaze a été identifié par les éléments de la Police scientifique et répond au nom de Benchiheb Mouloud, plus connu sous le pseudonyme de Hocine. Il habitait le quartier Duc-des-Cars (actuel rue Jugurtha), situé en face du Palais du gouvernement. Un quartier qui est plus réputé pour le talent de ses handballeurs et son Scanner high-tech que pour être le laboratoire de production de terroristes au service d'al-Qaïda. Mais qu'est-ce qui a poussé ce jeune délinquant sans culture d'un quartier plutôt tranquille à intégrer les groupes armés islamistes ? En regardant le parcours de ce terroriste “new wave”, on est en mesure de penser que c'est lui qui a demandé à ce que l'une des cibles visées soit le plus haut symbole de l'Etat : le Palais du gouvernement. Benchiheb vivait au rez-de-chaussée d'un immeuble à côté de Chabour, le plus ancien épicier du coin, aujourd'hui disparu. Il a grandi comme tous les enfants et jeunes dans ce quartier paisible d'Alger-Centre que se disputent les sympathisants islamistes et le RND et où se sont installés, à partir de 1963, des familles modestes représentant pour la plupart des fonctionnaires des ministères des différents gouvernements. Après une scolarité ratée et des petits boulots ici et là, il est resté au chômage durant plusieurs années et vivait de la vente de petites barrettes de “zetla”. C'est son frère, un dealer connu dans le quartier surnommé “camarade” (parce qu'il disait à chaque fois “wach rak camarade”), qui l'a mis sur la mauvaise voie. Ils se ressemblaient au point qu'on croyait qu'ils étaient jumeaux. Devenu délinquant notoire, l'islamisme politique va très vite le rattraper. En 1988, il avait déjà affiché sa rébellion. Il a détruit avec quelques jeunes du quartier les vitres arrière de tous les véhicules stationnés au Palais du gouvernement, lors des évènements du 5 Octobre. En 1991, il a participé aux nombreuses manifestations du FIS, et ce, même s'il n'avait pas de “carrière” religieuse. Il a même failli partir avec dix jeunes du quartier pour combattre en Irak. Il cultivait une haine contre son pays, même s'il n'avait aucune relation avec l'idéologie islamiste du FIS. Car dans le quartier Duc-des-Cars, certains jeunes, habitant en bas du Scanner et en contrebas dans la rue Serpaggi, étaient des sympathisants du FIS ou des islamistes convaincus. Plusieurs d'entre eux ont été arrêtés et même emprisonnés pour appartenance à des mouvements de soutien aux islamistes armés. Certains étaient même portés disparus comme Mourad B., fervent sympathisant du parti dissous. Benchiheb n'est pas un islamiste, mais un délinquant sans avenir qui a été récupéré par la cause islamiste. AMIN REDA