Dans la vidéo d'al-Qaïda au Maghreb, il répond au nom d'Abou Doujana. Comme les deux autres kamikazes du 11 avril, il est encadré par deux kalachnikovs et on ne perçoit que son regard hagard. Le second kamikaze répond au véritable nom de Benchiheb Mouloud, plus connu sous le pseudonyme de “Hocine” et habite le centre d'Alger, à moins de cent mètres du… Palais du gouvernement. Âgé de 29 ans, Benchiheb est comme Boudina un ancien dealer de drogue qui avait rejoint le GSPC. Disparu de son quartier de l'ex-rue Duc-des-Cars, au cœur d'Alger, depuis 5 années, lorsqu'il avait définitivement rejoint les maquis du GSPC à l'est d'Alger, il n'avait donné aucun signe de vie avant de se faire exploser devant le commissariat de Bab Ezzouar. À la fin des années 90, Benchiheb Mouloud était connu des services de police comme étant un petit dealer de drogue de ce quartier d'Alger qui débouche sur le Palais du gouvernement. Il n'habitait pas un bidonville comme Boudina, mais un immeuble correct non loin du siège de la Sonelgaz, et est issu d'une famille dont les membres ont eu plusieurs démêlés avec la justice. Son jeune frère est actuellement en prison pour attentat à la pudeur contre mineur et purge sa peine. Celui qui était connu comme “Hocine” avait également été arrêté en 1998 pour trafic de drogue et écroué. C'est à la prison de Serkadji qu'il a été pris en charge par les anciens militants du FIS dissous et des terroristes emprisonnés du GIA. Il en ressortira comme “agent de soutien” dans un réseau logistique d'aide au GSPC. Son nom est cité dans une affaire de terrorisme, et retombe. Il est emprisonné à nouveau et se radicalise. Après avoir purgé sa peine, il se volatilise. Il venait de rejoindre le maquis du GSPC. Le parcours de Benchiheb est symptomatique des techniques d'enrôlement du GSPC, notamment dans les prisons en direction des “droits communs”. Dealers de drogue, délinquants primaires, voleurs à la tire sont une proie facile pour les agents recruteurs du GSPC. Benchiheb est paradoxalement un des rares terroristes de ce quartier qui était acquis un moment aux islamistes avant l'affaire de la “villa du Télemly”, qui avait abrité l'un des premiers congrès du GIA en 1992. Dans la matinée d'hier, le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni avait bien indiqué que les “deux autres kamikazes ont été identifiés”. L'enquête n'est qu'à ses débuts pour connaître les réseaux algérois du GSPC à travers plusieurs perquisitions et rafles dans les milieux proches des islamistes radicaux et les anciens membres des réseaux de soutien en liberté. Le profil de Benchiheb indique notamment que cet Algérois, qui était admirateur de l'ancien “émir” du GIA Moh Jetta, également du quartier, est devenu kamikaze à travers un endoctrinement progressif des prisons au maquis. M. B.