Acceptant mal les dernières prises de position du secrétaire général des Nations unies, lequel a décidé de mettre sur le même pied les propositions marocaines et sahraouies, tout en insistant sur la nécessité d'aboutir à un accord négocié et accepté par les deux parties, Rabat accuse Alger d'avoir sabordé son plan d'autonomie. C'est le chef de la diplomatie marocaine, Mohamed Benaïssa, qui n'a pas trouvé mieux pour justifier son échec que d'affirmer qu'Alger a incité le Front Polisario “à tromper la communauté internationale en invoquant une initiative qui n'a d'autre finalité que de contrarier la proposition marocaine constructive”. Selon lui, l'Algérie s'en est prise à l'initiative marocaine en se basant sur des données erronées et infondées. Cette déclaration, faite lundi devant la commission des affaires étrangères, de la défense nationale et des affaires islamiques, et la commission de l'intérieur, de la décentralisation et des infrastructures de la Chambre des représentants du Maroc, montre l'incapacité de la diplomatie marocaine à défendre le bien-fondé de son initiative. Elle est en opposition avec les précédentes déclarations, qui laissaient entendre que ce “qui importe dans l'étape actuelle est d'initier une dynamique de paix à travers un processus de négociations qui offrira le cadre approprié à des discussions détaillées sur le contenu de ce projet”. Il ne fait aucun doute que l'objectif recherché par Rabat n'est pas de discuter sa proposition, mais de lui assurer le maximum de soutien pour l'imposer telle quelle. Mais il a suffi que les Sahraouis fassent une contre-proposition pour que la panique s'empare de l'entourage de Mohammed VI. Persistant dans ses tentatives visant à tromper l'opinion publique internationale, Mohammed Benaïssa affirme que l'initiative marocaine, que le Royaume a présentée le 11 avril dernier à l'ONU, respecte le principe de l'autodétermination à travers une expression libre, démocratique et moderne sur le statut d'autonomie. Il feint d'oublier, cependant, que le plan marocain n'offre guère de choix aux Sahraouis en limitant sa proposition à l'autonomie, contrairement au Front Polisario qui propose trois options. Ainsi, le projet soumis par les dirigeants sahraouis à l'ONU indique que les propositions offrent aussi, et contrairement à celles avancées par le Maroc, “trois options, à savoir l'indépendance, l'intégration au Maroc ou l'autonomie”. Plus grave, alors que le royaume marocain est revenu sur tous ses engagements antérieurs, notamment ses accords avec le Front Polisario, il exprime aujourd'hui sa disposition à s'engager, avec détermination, dans une négociation sérieuse et approfondie avec les autres parties, en vue de contribuer concrètement à la réalisation de la solution politique, définitive et mutuellement acceptable, tant attendue par la communauté internationale. Il espère trouver auprès des autres parties la même volonté politique et engagement de bonne foi afin d'aboutir à la résolution définitive de ce différend, de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité dans un environnement géopolitique menacé et de favoriser, conformément aux aspirations des peuples maghrébins, l'émergence d'une Union du Maghreb arabe stable, solidaire, prospère et démocratique. C'est à croire que ce sont les Sahraouis qui refusaient les négociations, alors que c'est Rabat qui ne voulait plus entendre parler de contacts directs avec le représentant légitime du peuple sahraoui, en l'occurrence le Front Polisario. Mais la démarche marocaine est confortée par un lobby pro-marocain à Washington qui tente de semer les graines de la discorde en vue de piéger le Front Polisario. K. ABDELKAMEL