Les services de sécurité ont entamé une véritable campagne de sensibilisation auprès des citoyens depuis les attentats qui ont visé les commissariats de Dergana et de Bab-Ezzouar. Mais le procédé du SMS a été adopté en accord avec les opérateurs à la fin du mois de mars. Dans le cadre de la politique d'implication des citoyens dans la lutte antiterroriste, les services de sécurité ont contacté l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications qui, à son tour, a instruit les opérateurs de la téléphonie mobile afin de diffuser des SMS à l'intention de leurs abonnés, les invitant à faire part de leurs soupçons en appelant gratuitement un numéro mis à leur disposition. Ainsi Djezzy, Mobilis et Nedjma ont progressivement envoyé à leurs clients le message suivant : “Cher(e) citoyen(ne), nos frères souffrent du résidu des terroristes en fuite. Le devoir vous appelle à signaler toute menace. Appeler au numéro gratuit 15 90.” Contrairement à ce qu'on pourrait penser, cette initiative, affirment les opérateurs dans le domaine de la téléphonie contactés hier, n'est pas directement liée aux derniers attentats d'Alger, puisque la directive de l'Autorité de régulation de la poste et des communications leur est parvenue au mois de mars dernier. Soit plus de deux mois après que les responsables en charge du dossier sécuritaire eurent placardé des affiches dans des régions abritant des maquis terroristes, demandant l'aide des citoyens pour “sauvegarder la sécurité et la stabilité du pays qui est un devoir des Algériens et Algériennes, quelles que soient leurs opinions”. Depuis donc les attentats contre les commissariats de police et la caserne de Beaulieu, les forces de sécurité ont entamé une campagne de sensibilisation envers la population, procédé qui a montré son efficacité par le passé. En revanche, soutient une source sécuritaire en charge de l'ordre public, on ne peut pas nier le fait que les derniers attentats, particulièrement celui contre le Palais du gouvernement, ont mis à nu des failles dans le travail de renseignements qui n'ont pas permis de prévoir et de déjouer à temps ces actions terroristes. “Le dispositif sécuritaire existe. Il a été déjà renforcé après les attentats contre les commissariats de Dergana et de Bab-Ezzouar, et l'a été davantage après ceux de la semaine dernière. Mais cela ne suffit pas. Il faut un travail de renseignements et de coordination entre les services de renseignements, appuyé par l'implication de la population qui pourrait être d'un grand apport”. À cela s'ajoute la non-disposition d'assez de ressources pour infiltrer les groupes de gangs et de terroristes pour savoir ce qui se trame au sein de ces réseaux et connaître leur intention. À la question de savoir comment une telle quantité d'explosifs a pu circuler librement, notre source répond que “ce ne sont pas des voitures volées qui ont été utilisées pour ces attentats à la bombe. Il est difficile de procéder à un contrôle rigoureux de milliers de véhicules en règle qui entrent à Alger par jour, d'où l'urgence à tabler sur le renseignement”. Reste à savoir si les services de sécurité, qui ont aujourd'hui eu recours à l'arme du téléphone portable pour lutter contre le terrorisme, auront assez de personnel qualifié pour traiter et recouper les informations qui leur parviennent et les rendre utiles avant qu'il ne soit trop tard. N. H.