Le conseiller juridique de l'ONU, Nicolas Michel, est à Beyrouth pour essayer de convaincre l'opposition libanaise de souscrire à la création du tribunal international sur l'assassinat de Rafic Hariri, que la majorité souhaite voir imposée par le Conseil de sécurité. Cette visite intervient alors que le gouvernement de Fouad Siniora, soutenu par l'Occident et par des pays arabes comme l'Arabie Saoudite, brandit la menace de l'adoption par l'ONU des statuts du tribunal sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet d'imposer certaines décisions aux Etats récalcitrants. L'Onu souhaite ne pas en arriver là dès lors qu'un accord soit trouvé entre Libanais, sans nouveau recours au Conseil de sécurité, a déclaré Michel avant son arrivée au Liban où il doit avoir des entretiens avec le gouvernement Siniora et l'opposition pour les amener à renouer le dialogue et à ratifier la convention entre le Liban et l'ONU portant sur la création du tribunal. La création de cette instance est prévue par la résolution 1595 du Conseil de sécurité, mais l'opposition, menée par le parti chiite Hezbollah soutenu par Damas et Téhéran, reste méfiante. Le secrétaire général Ban Ki-moon et le Conseil de sécurité ne doivent pas trop s'impliquer dans les affaires intérieures libanaises et doivent être impartiaux s'ils veulent que le Liban reste stable, a averti en début de semaine le Hezbollah, estimant que le tribunal international équivaudra à entrer en conflit avec la moitié du peuple libanais et à s'ingérer dans les affaires constitutionnelles libanaises. Le président Emile Lahoud, accusé par la majorité parlementaire d'être proche de Damas, a aussi souhaité que l'ONU ne prenne pas parti pour un camp contre un autre. L'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri a été assassiné le 14 février 2005 dans un attentat à Beyrouth, à l'époque où le Liban était sous tutelle syrienne. La Syrie a été pointée du doigt dans cet attentat par les enquêteurs de l'ONU. Damas dément toute implication et dit ne pas être concernée par le tribunal. Pour l'opposition, le gouvernement Siniora est devenu illégitime depuis la démission, le 12 novembre, des cinq ministres chiites, relevant du Hezbollah et du chef du Parlement Nabih Berri, pour protester contre l'adoption par le gouvernement de la convention portant création du tribunal international, après son aval par le Conseil de sécurité. D. B.