Lors d'une récente tournée dans six pays subsahariens, un haut responsable du Pentagone a défriché le terrain avant un choix définitif du lieu qui abritera le commandement régional des forces US en Afrique, lequel devrait commencer à fonctionner dès septembre prochain. Washington met les bouchées doubles pour la création de son futur commandement régional militaire. Dans la perspective de choisir le pays africain où le quartier général sera situé, les Américains ont approfondi les consultations à travers la tournée effectuée du 15 au 21 avril dans six pays du continent, par le sous-secrétaire adjoint du Pentagone aux affaires politiques, Ryan Henry. Ce dernier s'est rendu au Nigeria, en Afrique du Sud, au Kenya, en Ethiopie, au Ghana et au Sénégal. Lors de son périple, il s'est également entretenu avec des responsables de l'Union africaine. Ryan Henry s'est toutefois abstenu de donner des indications sur le nom du pays, qui pourrait abriter le commandement en déclarant : “Concernant l'endroit où se trouvera le quartier général (...) aucune décision n'a été prise.” Il s'est limité à affirmer que “la seule décision importante qui a été prise est que le commandement de l'Africom sera basé sur le continent”, car estime-t-il : “Nous devons être très attentifs à l'endroit où nous installons ce quartier général et à quoi il ressemblera.” Dans le but de laisser planer le suspense, l'émissaire US a indiqué que le siège de l'Africom ne se trouverait pas nécessairement dans un de ces six pays. Pour conforter ses précédentes déclarations, il annoncera que des voyages dans d'autres pays africains sont également prévus. “Toutes les options sont sur la table”, a-t-il dit. Néanmoins, les Etats-Unis semblent pressés de voir cette structure opérationnelle, si l'on se fie au souhait de ce haut responsable, qui a laissé entendre que le Pentagone souhaite que l'Africom commence à fonctionner à partir de septembre de cette année et soit pleinement opérationnel en septembre 2008. Ryan Henry a expliqué la décision américaine de constituer ce commandement régional spécifique par le fait que l'Afrique était “en train de devenir un acteur stratégique sur la scène mondiale”. Il assurera que la principale mission du futur commandant de l'Africom sera de “construire des partenariats” avec les pays africains et non pas “de faire la guerre”. S'attelant à rectifier un certain nombre de malentendus, il expliquera que l'Africom ne signifiera pas davantage de troupes américaines en Afrique ni plus d'argent du gouvernement américain. Mieux, l'envoyé spécial de Robert Gates cherchera à faire croire que cette initiative n'est pas une réponse de Washington à la présence chinoise en Afrique ni d'une tentative de contrôler des ressources pétrolières. Apparemment, l'objectif des Etats-Unis à travers cette décision est d'éviter que certains pays africains servent de sanctuaires à des organisations terroristes. En effet, tout indique que la décision du Pentagone de se doter d'un commandement spécifique pour l'Afrique, annoncée début février par le secrétaire à la Défense Robert Gates, est motivée par l'inquiétude de Washington sur l'implantation d'organisations terroristes comme al-Qaïda dans certains pays africains. Les Américains veulent surtout empêcher l'Afrique de l'Est de prendre le relais de l'Afghanistan comme base arrière d'al-Qaïda. Pour information, la responsabilité de l'Afrique au Pentagone est partagée jusque-là entre trois commandements régionaux : le commandement central (Centcom), qui supervise le Moyen-Orient, a la responsabilité de la Corne de l'Afrique. Le commandement pour le Pacifique se charge de Madagascar tandis que celui pour l'Europe s'occupe du reste, c'est-à-dire de la plus grande partie de l'Afrique. K. ABDELKAMEL