L'éclectisme des programmes et des idées, défendus par les 24 partis politiques et les candidats indépendants, en lice pour les législatives et l'organisation de débats contradictoires dans les médias lourds promettent une campagne animée. La campagne électorale pour les législatives du 17 mai prochain démarre officiellement aujourd'hui. Les 24 partis politiques et les candidats indépendants, en lice pour les 389 sièges de l'Assemblée nationale, sont à pied d'œuvre pour mettre à profit les 21 jours qui leur sont offerts pour convaincre les quelque 18 millions d'électeurs à faire profiter leurs listes, de leurs précieuses voix. Les chefs de tous les partis politiques, investis dans la bataille électorale, se déplaceront dans les wilayas pour prêcher leurs propres bonnes paroles. Le programme de sortie de ces leaders est quasiment établi. Il n'en demeure pas moins qu'ils devraient d'abord le soumettre à la Commission politique nationale de contrôle des élections législatives, coordonnée par l'ancien président du Conseil constitutionnel, Saïd Bouchaïr, pour supervision afin d'éviter la présence simultanée de deux chefs de parti dans la même wilaya. Le FLN possède les gros moyens financiers, logistiques et humains pour mettre en branle une machine électorale à faire trembler les concurrents. Le secrétaire général du parti et néanmoins Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, ses 15 ministres candidats (têtes de liste dans un nombre égal de wilayas) et les cadres du parti mettront les bouchées doubles pour rééditer le score des législatives du 30 mai 2002. La grogne des militants de base et aussi des hautes sphères du parti, sur ce qu'ils considèrent comme un mauvais choix des candidats, n'a apparemment pas eu d'incidences sur le programme électoral du parti. Des meetings sont prévus et Belkhadem devra convaincre, avec sa double casquette de SG du parti majoritaire et de patron de l'Exécutif, les électeurs de la mise en œuvre des engagements du gouvernement en matière de relance économique et de règlement des problèmes sociaux des Algériens. Le RND a choisi, pour sa campagne électorale, un thème central conçu sur le dualisme amélioration de la situation sécuritaire et essor socioéconomique, d'où le slogan : “Espoir et efforts pour garantir la stabilité nationale.” Il a élaboré, alors, son programme électoral sur la base de 140 propositions, articulées autour de quatre grands chapitres : renforcer la cohésion nationale ; accroître les richesses du pays et améliorer les conditions sociales des citoyens. Les têtes de liste de candidatures de ce parti (des inconnus, mais aussi deux ministres — Yahia Guidoum et Boubekeur Benbouzid — et de nombreux députés en fin de mandat), sillonneront, avec leurs colistiers, les communes et villages des circonscriptions dans lesquelles ils se sont présentés. Le secrétaire général du Rassemblement, Ahmed Ouyahia, en l'occurrence, animera, pour sa part, des meetings dans pratiquement l'ensemble des chefs-lieux de wilaya, en vue de défendre les candidats de sa formation politique. Il entamera son périple par les villes de l'Est. Des ministres en poste et des membres du bureau national, n'ayant pas postulé pour la députation, assureront la campagne de leur parti au niveau des daïras. La même stratégie est suivie par les autres grosses cylindrées de la classe politique. Le Mouvement pour une société de paix (MSP) s'adressera aux électeurs avec l'option du “changement en douceur”. Abou Djerra Soltani, qui n'a pas voulu briguer un siège de député, prendra également son bâton de pèlerin pour inciter les citoyens en âge de voter, de mettre un maximum de chances du côté des candidats du mouvement. Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs et son numéro 1 sur la liste d'Alger, seront inévitablement le fer de lance de la campagne électorale menée en faveur de leur parti. Pour la “défense de la souveraineté nationale”, principe sur lequel discourra Louisa Hanoune, dans la majorité des villes du pays, en cette période de renouvellement de la composante de la première Chambre parlementaire. Djelloul Djoudi, candidat à un troisième mandat parlementaire, nous a assurés que l'ordre des destinations du leader n'est pas encore tout à fait au point. Il n'en reste pas moins que les positions de Louisa Hanoune sur la loi sur les hydrocarbures ont été largement appréciées par les Algériens d'autant que le texte de Chakib Khelil a été amendé dans le sens de la préservation des intérêts du pays. Amara Benyounès de l'UDR et Rédha Malek de l'ANR conjugueront leurs forces et uniront leur voix, durant les trois prochaines semaines, afin de consolider la présence des démocrates à l'APN. C'est d'ailleurs dans ce sens qu'ils ont appelé à la création d'un pôle démocrate républicain dont la mission est de fédérer les forces démocratiques existantes dans le pays. Cette alliance, qui est la concrétisation d'un rêve jusque-là impossible, la mise en commun des forces démocratiques et républicaines, est tout indiquée pour capter les voix de ces citoyens qui préfèrent s'abstenir, faute d'une option qui corresponde à leurs convictions. Le MDS, sous la houlette de Ali Hocine s'engage dans la même voix. Le RCD, qui participe à ces élections législatives, alors qu'il a boycotté celles de 2002, pour des raisons politiques, reposera sa campagne électorale sur son président, Saïd Sadi, qui mène la liste d'Alger. C'est d'ailleurs bien au centre du pays que le RCD escompte gagner le maximum de voix et par là même les sièges y correspondant à l'APN, d'autant que l'absence du FFS à cette consultation pourrait jouer en sa faveur. Le mouvement El-Islah, déchiré par une crise interne, se lancera dans la conquête de l'APN en rangs dispersés entre le groupe de Djaballah et celui de Boulahia. En définitive, contrairement au ronronnement de la campagne électorale de 2002, celle qui s'annonce, sera de loin plus intéressante, ne serait-ce que par la participation de toutes les mouvances politiques existantes en Algérie. Il s'agit pour les candidats de capter l'intérêt des citoyens, en étant à l'écoute de leurs attentes et leurs préoccupations, pour les amener à voter massivement le 17 mai prochain. Nissa Hammadi