Après un long périple qui l'a mené de Guelma à Blida, M. Amara Benyounès était hier dans la wilaya de Djelfa où il a tenu un meeting populaire à la salle El-Kawakib. Dès que la parole lui a été donnée par la tête de liste de l'alliance républicaine, le premier responsable de l'UDR a fustigé les partis de l'alliance présidentielle en les traitant “de partisans du statu quo”. Reprenant un slogan cher à la coordination républicaine naissante, le conférencier affirme sans ambages en reprenant une citation du président Boumediene : “Nous sommes pour des institutions qui ne disparaissent pas avec la disparition des présidents. ”Entendons par là que la coordination, dont il est l'un des initiateurs, compte lutter pour un renouveau démocratique quels que soient les résultats des prochaines législatives. Lors de son intervention, M. Benyounès a tenu à rappeler à l'assistance les grands axes sur lesquels compte s'appuyer son parti s'il est élu au Parlement, à savoir les volets économique, social et politique. Abordant l'aspect économique, le patron de l'UDR s'est d'emblée attaqué au commerce informel qu'il qualifie de “danger économique et politique où est recyclé l'argent du racket et du terrorisme”. Si la privatisation est pour certains une “trahison”, le conférencier donne l'exemple du complexe d'El-Hadjar et celui de la téléphonie mobile qui sont, selon lui, des preuves irréfutables que la réussite économique passe par une vraie économie de marché, seule stratégie à même de garantir un avenir meilleur. “Le moteur d'une économie, c'est la compétitivité”, dira Benyounès qui a saisi l'occasion pour exhorter le peuple algérien à travers la population de Djelfa au travail. “On ne pourra vivre éternellement de la rente pétrolière”, a-t-il affirmé. Pour ce faire, l'ex-ministre propose “une mise à niveau générale de l'économie”. L'un des maillons de cette politique que prône l'alliance républicaine demeure aussi le retour au week-end universel. L'Algérien travaille en moyenne 39 minutes par jour, ajoute-il. Il déplore, par ailleurs, que nous soyons le seul pays en Afrique avec la Libye à travailler les samedi et dimanche. “Comme si avant 1976 nous n'étions pas des musulmans”, a-t-il tenu à déclarer. Quant au terrorisme, le conférencier dit qu'il a été vaincu militairement, mais regrette que “notre pays n'ait reçu aucune assistance des pays arabes, encore moins occidentaux”. L'aspect social a aussi été abordé. Le responsable de l'UDR a également déploré que dans un grand pays comme l'Algérie “le foncier soit bradé”. Sur le plan de la santé, M. Benyounès défend une “politique de prévention au lieu de se lancer dans la construction de grands laboratoires” et regrette que les Algériens aillent se soigner dans les pays voisins, alors que par le passé notre pays formait des spécialistes dans tous les domaines. Quant à la polémique avec le Chef du gouvernement, celle-ci n'est pas près de prendre fin puisque M. Benyounès déclare : “Personne ne m'empêchera de faire de la politique.” Et pour répondre aux dernières déclarations de Belkhadem qui disait ne pas vouloir parler avec “un responsable politique qui a tenu son congrès dans une cabine téléphonique”, le premier responsable de l'Union des démocrates républicains répond : “Je suis fier d'avoir été élu par quelques membres dans une cabine téléphonique, moi je n'ai jamais été désigné par un juge, la nuit dans un tribunal.” Une autre polémique vient d'éclater, mais cette fois-ci avec Mme Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs. Cette dernière aurait accusé Benyounès “d'être pro-Américain et de défendre des intérêts sionistes” dans un journal marocain. À cette nouvelle attaque, M. Benyounès réplique : “Je défends les positions de mon pays en matière de politique extérieure.” Et d'ajouter : “En 1995, Mme Louisa Hanoune défendait le terrorisme quand nous enterrions nos morts.” Il s'étonne, par ailleurs, que la responsable du PT “se soit interrogée sur la nécessité de l'indépendance du Sahara occidental”. S. OUAHMED