RESUME : Durant toute la semaine, Aziza n'ira pas en classe. Dalila l'emmènera chez une psychologue. Celle-ci réussit à établir un contact. Aziza lui raconte beaucoup de choses. Mais ses nuits de cauchemars lui révèlent qu'elle garde le pire en elle. Elle trouve le moyen de le savoir en lui demandant de dessiner. Aziza le fait mais déchire le dessin avant de partir… La psy attend qu'elle soit partie pour ramasser les morceaux de papier. Il ne lui est pas difficile de recomposer le dessin. Un dessin qui apporte son lot d'explications. Tout ce qu'elle ne lui a pas dit se voit. - Elle a tout vu… Ces corps de femmes nues et en sang lui prouvent qu'elles ont été violées avant de trouver la mort. Des enfants dorment, les gorges ouvertes. Aziza a bien dessiné leurs yeux fermés. - Pauvre petite ! Ce sont ces images qui t'ont marquée. Seulement, pourrais-tu en parler un jour ? Ayant le numéro de téléphone de Dalila, elle l'appelle le soir. Dalila est surprise de l'entendre. - Aurais-je oublié quelque chose ? - Non… Je tenais à vous demander de garder Aziza loin de la télé. La vue du sang, une scène de crime ou de viol peut la bouleverser ! Elle a dessiné des femmes nues, égorgées. Soit, elle a assisté au viol puis à leur mort, soit elle les a vues après et ce sont ces souvenirs… - Donc, je dois garder un œil sur le programme de la télé, en conclut Dalila. Si cela peut l'aider à aller mieux ! - Evitez les discussions où on parle d'actualité, lui conseille la psy. Il faut tout faire pour qu'elle oublie ! Dalila lui promet d'être vigilante. Une fois qu'elle a raccroché, elle a l'idée de rapporter la discussion à son mari et sa fille aînée. Elle leur explique qu'un rien peut la terroriser. - Plus de film de violence… On ne regarde plus les infos en sa présence… Ses deux autres enfants ne regardant pas la télé en semaine ne posent pas de problème. Ils sont trop jeunes pour être mis en garde. Ils ne comprendraient pas et peut-être même qu'ils en parleraient à Aziza. Dalila ne veut pas prendre ce risque. Elle espère que toutes ces précautions pourront épargner à Aziza de souffrir. Ces souvenirs sont trop vivaces. Le fait de rester à la maison n'arrange pas les choses. - Si tu allais mieux, tu pourrais retourner en classe ! lui dit-elle lorsqu'elle lui tient compagnie dans la chambre pour l'aider à s'endormir. Tu aurais des nouvelles copines, tu pourrais jouer et sortir avec elles. Tu n'as pas envie d'avoir des copines ? - Si. - Je sais que ce n'est pas le moment, poursuit Dalila, mais lorsque tu le voudras, tu pourras retourner en classe. - Je veux bien, dit Aziza. Mais promets-moi de m'accompagner tous les jours ! - Bien sûr ! Je ne te laisserais plus jamais partir seule, jure Dalila, soulagée d'avoir pu se rapprocher d'elle, d'avoir discuté avec elle. Tu peux compter sur moi. Tout se fera comme tu le veux ! Aziza ne parle pas de ce qu'elle veut. Ce soir-là, au grand soulagement de toute la famille, elle dormira à poings fermés. Même les nuits suivantes. Dalila et Saïd sont si surpris qu'ils mettent au courant la psy. Celle-ci leur recommande d'être encore plus prudents avec la fillette. - Elle a tout gardé dans son cœur, leur dit-elle. À la prochaine séance, je serais fixée. Si elle parle de ce qu'elle a vu et entendu, c'est qu'elle sera en train de se remettre. - Et si elle n'en parle pas ? - Alors, il faudra encore patienter et garder les yeux sur elle, insiste la psy. Même si elle paraît bien… A. K. (À suivre)