“La Kabylie a une mission historique dans la construction de l'Algérie de demain”. C'est là la conviction chevillée du président du RCD qui s'exprimait, jeudi dernier, à l'occasion d'un meeting électoral à la salle Saïd-Tazrout de Tizi Ouzou. Devant une assistance nombreuse composée, outre les militants et sympathisants du parti, de représentants de la société civile et des syndicats autonomes, le Dr Saïd Sadi anticipe, dans le sillage des législatives du 17 mai, une recomposition politique majeure dans le pays. Pour peu que la Kabylie soit restituée dans les repères politiques qui sont les siens, il est possible de réhabiliter la classe politique dans les institutions. Car, explique Saïd Sadi, “l'analyse historique d'aujourd'hui nous permet de dire qu'il est possible, grâce au combat démocratique, de récupérer l'espace parlementaire comme espace d'expression démocratique”. “Un groupe parlementaire est l'instrument le plus adapté pour interpeller le pouvoir, faire des propositions, alerter l'opinion internationale”, considère Sadi. Plaidant pour une forte mobilisation citoyenne le jour du scrutin législatif, l'orateur estime que c'est la seule manière, à ses yeux, de transposer le combat démocratique dans l'espace institutionnel. “Est-ce que le Parlement algérien a gagné en crédibilité lorsque nous étions absents ?” s'interroge-t-il. Partant du postulat que la Kabylie traverse une phase historique déterminante, le leader du RCD plaide pour la réhabilitation de la classe politique dans la région, dont on veut polluer les repères. “Nous n'accepterons jamais que la Maison de la culture et l'université de Tizi Ouzou soient des lieux de débauche”, dénonce-t-il. Comme il est tout aussi inacceptable que les investisseurs soient “chassés” de la région. “Pour des raisons historiques, la stabilité de la Kabylie a toujours profilé l'avenir démocratique de l'Algérie. C'est une relation mécanique”, note encore le responsable du Rassemblement qui estime qu'en cette fin de règne du régime que charrie cette étape charnière, “il est capitale que la Kabylie se dote d'un groupe parlementaire capable d'anticiper le changement, par ailleurs, inéluctable”. Mais il y a un préalable : pas de compromis avec la corruption. “Les corrompus sont indignes du combat démocratique ; il n'y aura jamais de corrompus dans nos rangs si jamais la preuve est établie”, jure Saïd Sadi sous un tonnerre d'applaudissements. Tous ceux qui, partisans du statu quo, travaillent à décourager les citoyens à aller voter recevront une volée de bois vert de la part du leader de l'opposition démocratique. “Il ne faut pas écouter ces gens-là qui veulent disqualifier le combat démocratique, en favorisant la fraude”, avertit le Dr Sadi pour qui la participation massive de l'électorat reste l'antidote de la fraude. Rappelant que la région n'a jamais raté de rendez-vous avec l'Histoire, l'orateur estime que la Kabylie a un rôle fondamental à jouer à l'occasion des législatives qui ne sont pas, pour lui, des élections banales. “Elles marquent la fin d'une époque”, conclut Saïd Sadi. Y. A.