L'ensemble Seulguidoong de la Corée du Sud a donné un récital de musique vendredi au Théâtre national algérien. Plus qu'un concert de musique, la performance développée par ces musiciens aura été une redécouverte de la capacité de la musique à traverser les siècles et les frontières. Ces onze musiciens du pays du Matin calme jouent aussi bien d'instruments traditionnels que modernes. De ceux qui remontent aux premières dynasties, à l'image de gayageum ou de haegeum, à la guitare électrique. Le cocktail servi à l'assistance, fort nombreuse ce soir-là, alliait donc les sonorités asiatiques langoureuses aux déchaînements des décibels des percussions et des guitares. La musique de cet ensemble, créé en 1985, se joue sans partition préalable, l'improvisation est seule inspiratrice. Le travail effectué par les musiciens de Seulguidoong — qui signifie sagesse — est davantage une recherche de nouvelles sonorités et une adaptation de la musique traditionnelle aux goûts actuels. Ainsi, ils créent de nouveaux répertoires originaux, parfois portés par la voix de la chanteuse Oh Hye Yun. C'est à travers dix titres qui commencent par L'esprit de l'ancienne dynastie Gokurye et finissent par Fantaisie durant laquelle le guitariste, le jeune Kim Do Kyoon, a franchi le mur du son, donnant l'impression de dépoussiérer les instruments de ses ancêtres pour rejoindre les groupes de rock ou de death metal de sa génération. Avec ces musiciens sud-coréens, sagesse du Matin calme et fantaisie, que seule la musique permet, sont réglées comme du papier à musique. Avec, en plus, la liberté qu'offre l'improvisation. S. B.