Autant la guerre devient de plus en plus acharnée en Irak, autant la bataille psychologique par médias interposés s'accentue. La propagande, il faut le dire, n'a laissé aucune place à l'information tant la presse, présente sur les lieux, fait le jeu des deux belligérants. Les médias, depuis le début de la guerre, sont, en fait, soit pro-américains soit pro-irakiens. Ils ne font, en réalité, que l'écho de leurs stratégies de combat. La pratique journalistique ne consiste plus donc à donner une information crédible, mais à servir de relais de propagande de guerre. Avant-hier, il a suffi qu'un journaliste de la BBC accompagnant les GI's qui s'approchaient de l'aéroport de Bagdad annonce que l'assaut est donné pour que la nouvelle fasse le tour du monde et l'ouverture de toutes les chaînes de télévisions occidentales. Invérifiable sur le terrain, I'information en question n'a pas tardé à être démentie par la télévision qatarie, Aljazeera, qui montrait des images prouvant que les forces irakiennes contrôlaient toujours la situation. En zappant d'une chaîne à une autre, I'on s'aperçoit que les médias ne parlent pas du tout de la même guerre. La presse américaine, savamment embrigadée par l'Administration Bush qui fait tout pour minimiser les pertes de soldats dans des accrochages avec la Garde républicaine, affirme que l'armée US avance vers Bagdad sans rencontrer trop de résistance, mais évidemment en passant sous silence la mort de civils sous le déluge de bombes déversé par les B52. Les médias irakiens, eux, n'attendent pas aussi pour apporter des démentis en soulignant, de leur côté, qu'aucune ville irakienne n'est prise par les alliés. En effet, I'opinion publique internationale ne sait plus à qui se fier. La qualité de l'information ne reflète aucunement l'armada de journalistes dépêchés sur le terrain de bataille. La seconde guerre du Golfe demeure une inconnue. La seule vérité qui reste est que la guerre n'est pas un combat de coqs. Celle qui est en train de se dérouler en Irak a fait déjà beaucoup de morts. Elle est loin d'être un “war game” comme cela était présenté par ce reporter de France 2, qui commentait, il y a quelques jours, I'avance des GI's à partir d'un tank américain. Les journalistes ont bel et bien cessé d'être des témoins de l'histoire pour devenir tout simplement des serviteurs bêtes et disciplinés des acteurs d'une guerre qui peut s'avérer la plus dramatique après celle des balkans. S. R.