À l'approche de l'été, et comme chaque année, le comité de wilaya de lutte contre les zoonoses et la direction de la santé de Ghardaïa lancent la campagne de lutte contre l'envenimation scorpionique. Celle-ci débute par un séminaire pour l'amélioration de la prise en charge thérapeutique des cas de piqués de scorpions et diminuer le taux de létalité ainsi que le recyclage de médecins urgentistes et paramédicaux dans le domaine de la prise en charge. Pour le premier trimestre 2007, sur les 147 cas de piqués recensés, il n'y a eu, heureusement, aucun décès et ce, grâce à la prise en charge immédiate et efficace de ces cas ainsi que de la disponibilité du sérum antiscorpionique fourni en quantité suffisante par l'Institut Pasteur d'Alger, lequel a été immédiatement réparti sur l'ensemble des structures sanitaires de la wilaya. Par ailleurs, et au cours des années précédentes, le comité de wilaya de lutte contre le scorpion lance une campagne de ramassage de scorpions. Le prix du scorpion ramassé a été doublé cette année, puisqu'il estporté de 20 à 40 DA l'unité. À cet effet, une enveloppe de 107,5 millions de centimes a déjà été dégagée par la wilaya et mise à la disposition de toutes les APC. Néanmoins, et pour que l'opération atteigne le but escompté, une campagne de sensibilisation sera incessamment lancée tant sur les ondes de la radio locale que par des journées d'information dans les écoles et collèges de la wilaya. Par ailleurs, les services des APC doivent être impliqués pour l'hygiène environnementale telle que le ramassage systématique des ordures ménagères et des gravats, ainsi que par l'entretien des trottoirs, la création d'espaces verts, l'entretien de l'éclairage public, par le remplacement immédiat des ampoules grillées sachant que le scorpion est un animal photophobe. C'est, entre autres, quelques-unes des mesures adéquates et efficaces contre la prolifération des scorpions, car, il faut souligner que le scorpion est un animal millénaire qui a survécu à tous les aléas. C'est un insecte nocturne qui peut se passer d'alimentation très longtemps, voire plus d'une année. Morphologiquement blindé, il résiste même aux irradiations, puisque, paraît-il, il a été retrouvé vivant après les essais nucléaires français à Reggane en 1956. Les piqûres de scorpion représentent la première cause de décès par l'envenimation en Algérie. Ce qui induit des facteurs de gravité épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques. Par conséquent, et afin d'abaisser le taux de morbidité et de mortalité causées par les piqûres de scorpion, une stratégie de lutte contre les piqûres et envenimations a été élaborée par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. L'un des segments de cette stratégie repose sur la formation du personnel médical et paramédical, sur l'information, l'éducation et la communication par implication multisectorielle. Un Comité national de lutte antiscorpionique (CNLAS) constituée des secteurs de la santé, des collections locales et de la Protection civile, fut créé en 1987 à cet effet. C'est dire la dangerosité de cet animal, qui, chaque année, provoque des dégâts, quelquefois irréversibles, voire des décès dus, le plus souvent, aux transferts tardifs des piqués vers les centres sanitaires. Sur la douzaine d'espèces répertoriées, deux sont, particulièrement dangereuses, et sont, malheureusement, les plus répandues dans nos régions. Il s'agit de l'androctonus australis et du buthus occitanus. Les prédateurs du scorpion sont, en général, les oiseaux et surtout les poules, les chats et les hérissons dont les populations du Sud et des Hauts-Plateaux sont encouragées à en disposer chez elles. La prolifération des scorpions qui augmente le risque d'envenimation est due à plusieurs facteurs, dont le manque d'hygiène, la promiscuité et l'obscurité. Il y a, au nombre de ces facteurs, la misère des populations qui, dans leur immense majorité, vivent dan des maisons très anciennes, sans aucun entretien. Selon le rapport du ministère de la Santé, de l'année 2000, sur la situation épidémiologique en Algérie et dans son introduction, il est précisé que dans la 10e classification internationale des maladies (C.IM.M 10), l'envenimation scorpionique est classée dans le groupe “Effet foxiques de substance d'origine essentiellement médecinale”. L'envenimation scorpionique est une pathologie spécifique contrôlable par l'hygiène du milieu. Elle représente l'un des plus importants problèmes de santé publique en Algérie et plus particulièrement au niveau des régions des Hauts-Plateaux et du Sud, où, chaque année, plusieurs milliers de personnes sont piquées par le scorpins et dont une centaine, en moyenne, en décèdent. Le scorpionnisme demeure un problème majeur auquel il faut trouver des solutions urgentes. L. KACHEMAD