Les Libanais voient se profiler derrière les affrontements entre leur armée et des réfugiés palestiniens radicaux le spectre de leur division. Le mouvement historique de la Palestine, le Fatah, a mis en garde contre un soulèvement dans les douze camps de réfugiés palestiniens du Liban si l'armée libanaise poursuit son bombardement de Nahr al-Bared où le groupe palestinien islamiste, Fatah al Islam, est retranché. “Aucun Palestinien et aucune faction palestinienne au Liban n'acceptera que le peuple palestinien soit massacré dans une punition collective comme c'est le cas à Nahr al Bared”, a averti le responsable local du parti du président palestinien Abbas. Les combats entre l'armée libanaise et les islamistes du Fatah al Islam autour du camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, dans le nord du Liban, étaient complètement arrêtés mardi en fin de matinée mais, la trêve c'était juste pour permettre à l'aide humanitaire de parvenir aux 31 000 Palestiniens du camp, qui se disent otages du groupuscule islamique composé d'Arabes de diverses nationalités, selon le Fatah. Quelque 400 000 Palestiniens, dont la moitié vit dans les camps, sont enregistrés auprès de l'office des Nations unies pour les réfugiés au Liban et, au troisième jour consécutif de leurs affrontements avec l'armée libanaise, les islamistes du Fatah al Islam se déclarent déterminés à se battre jusqu'au bout ! Face aux pilonnages, à l'artillerie et aux obus de chars, le groupuscule a menacé de porter les combats au-delà du nord du Liban et a revendiqué deux attentats qui ont frappé Beyrouth dimanche et lundi. L'armée libanaise, pour sa part, est également déterminée à venir à bout de la résistance du groupe radical, accusé par les autorités de Beyrouth d'être l'outil des services de renseignements syriens dans une tentative de déstabilisation du Liban, et d'être proche du réseau Al Qaïda. Le Fatah al Islam dispose visiblement d'un armement lui permettant de tenir un siège et de bombarder l'armée, alors que d'importants renforts de troupes libanaises encerclent depuis dimanche Nahr al Bared. 58 personnes ont jusqu'à présent été tuées dans ces combats, les plus meurtriers depuis la fin de la guerre civile qui a ensanglanté le Liban entre 1975 et 1990. Cette flambée de violence a soulevé de nouvelles craintes sur la stabilité du Liban, enlisé dans une crise politique liée au projet d'un tribunal international pour juger les assassins de Rafic Hariri. L'ambassadeur syrien à l'ONU a démenti tout lien de son pays avec Fatah al Islam, rapprochant les combats du débat en cours au Conseil de sécurité sur le projet de tribunal. D. Bouatta