“Union Bank a failli mourir par excès de sanctions alors que El Khalifa frôle le danger de mort par manque de contrôle”, résume, en ces termes, le pionnier de la banque privée en Algérie, M. Brahim Hadjas, les paradoxes juridiques de l'autorité monétaire algérienne. L'invité au forum d'El Moudjahid, hier, est revenu sur les péripéties vécues depuis la création de l'Union Bank en 1995 dotée, selon l'orateur, de l'agrément n°01. Il sera vite suivi, ironise-t-il de la sanction n°1 émanant de la Banque d'Algérie, une année après la naissance qui s'est soldée par “un bénéfice réalisé de 67%”. Retrait d'agrément, de commerce extérieur, soit le poumon de la banque et mise sous contrôle d'un administrateur, perte de crédit et de pouvoir de gestion, sont autant de sanctions “arbitrairement prises à l'encontre de notre élan”. L'homme qui déclare avoir développé le sens des affaires dès l'âge de 11 ans, pour se forger au combat du business, se révélera “intraitable” et déterminé à ester en justice les tenants du droit à la vie ou à la mort de toute banque privée. Il citera, à ce titre, l'ex-gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Hadj Nacer, qu'il a eu comme responsable de l'Union Bank, conformément à la réglementation conditionnant le fonctionnement des banques privées. Hadjas accuse l'ex-gouverneur et l'attaque en justice pour “falsification de documents et imitation de signatures” ayant servi, selon lui, à mettre en œuvre des conseils d'administration fictifs, avec prises de décisions importantes pour le devenir de cette banque naissante. “On voulait réglementairement infiltrer ma banque pour ensuite la nationaliser”, déclare M. Hadjas dont la ténacité a été jusqu'à dépouiller toutes les lois et l'architecture juridique relative au secteur bancaire. Il finira par avoir raison, juridiquement, selon ses dires et documents affichés de l'irrégularité de la commission bancaire, désavouée par le Conseil d'Etat, saisi par le plaignant. Dénonçant l'opacité et le statut “hors la loi” de ladite commission, il s'étonne que les membres la constituant, “condamnés” pour voies de fait, entre autres, n'aient pas été révoqués. M. Hadjas qui a rejoint le pays, dans les moments les plus durs, entre 1992 et 1995, signale avoir renversé la tendance en “rapatriant des devises” pour inscrire le projet de banque. L'homme d'affaires qui a, à son insu, provoqué l'appétit dans le secteur de la finance, a failli être englouti par la multiplication des actions décidées à son encontre, après le retrait d'agrément pour “atteinte à la concurrence, interdiction de sortie du territoire national, enquêtes fiscales” et “tous les griefs que l'ont me reprochait étaient justement dus à la gestion de ces administrateurs désignés”, lance-t-il, pour dire que “les détracteurs étaient à court d'arguments objectifs et réglementairement solvables”. Entretemps, Hadjas annonce le passage au statut de groupe Union Bank avec toutes les filiales, pêche, agro, etc. “Là encore, fait-il savoir, l'embuscade juridique n'allait pas tarder à se mettre en place”. Ce à quoi, il répond, par l'orientation de son investissement en procès pour arracher le droit à l'expansion et au développement. “En quoi, pouvions-nous être source de danger ou de mauvaise concurrence avec 1 ou 2 agences bancaires ?”, s'interroge-t-il. Réhabilitée et reconnue, Union Bank attend, aujourd'hui, depuis trois ans, une réponse pour passer au statut de banque de dépôt de type universel après avoir rempli tous les préalables, signale l'interlocuteur. “En Algérie, les banques privées se partagent au plus 5% du marché et on leur colle une inspection démesurée”, lance-t-il, en s'interrogeant sur le caractère discriminatoire d'une telle surveillance, laquelle soustrait de la démarche les banques publiques. Par ailleurs, le groupe de Hadjas continue d'investir dans l'agriculture et la pêche, mais s'illustre surtout, ces derniers temps, par l'Agence de soutien aux investissements mise en place pour vendre l'image Algérie et inciter les opérateurs étrangers à regarder autrement le pays. Opportunément, aussi, actuellement des pourparlers avec le géant bancaire britannique HSBC sont en cours pour une forme de partenariat. Comme quoi, le capital crédit de Hadjas reste “intact” malgré les turbulences traversées par la grâce d'une solvabilité soutenue. Ironie de l'histoire, c'est uniquement dans son propre pays que l'historique homme d'affaires aura connu bien des histoires. A. W.