La droite espagnole a remporté une victoire, même si elle est courte, aux élections municipales et régionales face aux socialistes, lors d'un scrutin, jugé test en Espagne pour le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, à dix mois des législatives de mars 2008. Le Parti populaire (PP) est redevenu le premier parti d'Espagne, s'est félicité le leader de l'opposition et président du PP, Mariano Rajoy, qui compte ravir sa place à Zapatero en avril 2008. La vice-présidente du gouvernement, Maria Teresa Fernandez de la Vega, probable successeur de Zapatero à la tête des socialistes, a minimisé le recul de son parti aux municipales, estimant que ces résultats serrés traduisaient plutôt la continuité et la stabilité de l'Espagne. Un signe qui ne trompe pas : la capitale espagnole, fief de la movida, le nouvel art de vivre des Espagnols, de nouvelles vagues et de la modernité audacieuse, a voté majoritairement pour la droite. La mairie et la région sont bien entre les mains du PP. Les socialistes gardent Barcelone, ville branchée et cosmopolite. Le résultat des élections est d'autant plus déterminant que Zapatero s'était impliqué fortement dans la campagne sur un thème plutôt favorable à son adversaire du PP : la question basque. La droite estime qu'elle a ainsi effacé l'affront que lui avaient infligé les électeurs aux législatives de 2004. Les socialistes devaient renvoyer la droite dans l'opposition, trois jours après les attentats islamistes du 11 mars 2004 à Madrid. En outre, le PP table sur la logique électorale des Espagnols, selon laquelle depuis 1983, le vainqueur des municipales en suffrages exprimés l'a toujours emporté aux législatives suivantes. Dans ce cas, la droite serait d'ores et déjà assurée de revenir au pouvoir l'année prochaine. Les électeurs auront ainsi sanctionné les socialistes pour leurs errements en ce qui concerne la question du terrorisme, notamment. Le même phénomène est observé dans les régionales partielles des communautés autonomes où la droite n'a perdu que dans les régions de Navarre et des Canaries. Au pays Basque, les scrutins municipaux et régionaux ont été marqués par des protestations parfois musclées d'indépendantistes, alors que la plupart des listes proches d'ANV, un parti cousin de Batasuna, le bras politique interdit de l'ETA, avaient été interdites par la justice. Cela dit, au plan méditerranéen, Zapatero s'est particularisé par un parti pris manifeste dans la question du Sahara occidental en penchant entièrement du côté des thèses néo-colonialistes du Maroc. Pourtant, aux yeux de la communauté et du droit international, la responsabilité de l'Espagne reste entière tant que la décolonisation de ce territoire n'est pas achevée. D. Bouatta