Revenant sur la polémique suscitée autour de la probité des dernières législatives, le ministre de l'Intérieur a affirmé qu'“il n'y a pas eu d'anomalies assez graves et importantes pour annuler ces élections”. Pressé de rejoindre le cortège présidentiel, très en retard sur le programme de la visite à Blida, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales s'est contenté d'un bref point de presse. Trois questions lui ont été posées sur des thèmes d'une brûlante actualité. Un mois et demi après les attentats qui avaient ciblé le Palais du gouvernement et le siège de la sûreté urbaine de Bab-Ezzouar, Nouredine Yazid Zerhouni assure que “l'essentiel du groupe à l'origine de ces opérations, — mais aussi de celles ayant touché Tizi Ouzou et Boumerdès — a été démantelé, y compris le principal commanditaire, Abou Mossab”. À ce propos, le premier responsable du département de l'Intérieur affirme avoir soutenu auprès de journalistes, au lendemain des attentats, que “les terroristes ont été identifiés et que nous les connaissons”. “J'avais dit aussi que çà (la neutralisation du réseau, ndlr) pouvait être une affaire de quelques jours, de quelques semaines ou de quelques mois. ça a été une affaire d'une semaine”, fait-il remarqué visiblement fier du résultat. Interpellé sur un sujet plus récent, les élections législatives du 17 mai, M. Zerhouni a rejeté de manière définitive et catégorique les accusations de fraude que la commission Bouchaïr de surveillance des élections et quelques partis ont porté sur l'administration. En réponse aux allégations faisant mention de l'annulation éventuelle par le Conseil constitutionnel des résultats du scrutin dans certaines wilayas, il a eu cette réplique : “Je ne sais pas ce que va faire le Conseil constitutionnel. Mais à ma connaissance, il n'y a pas eu d'anomalies assez graves et importantes pour annuler ces élections.” Avec aplomb, il a certifié que “ces élections ont été les plus transparentes que nous ayons eues”. Selon lui, l'efficacité du dispositif antifraude mis en place par ses services, a été prouvée à travers la mise en échec de quelques tentatives isolées, comme à Rouiba. “Le système de garantie des élections a bien fonctionné”, a martelé le ministre de l'Intérieur. Le troisième chapitre de la conférence de presse était réservé à la révision de la loi électorale, un chantier, qui, visiblement, lui tient à cœur. M. Zerhouni a jeté un pavé dans la mare au cours de sa conférence de presse, au lendemain des législatives. Faisant un commentaire des résultats obtenus par les partis, il a observé une dispersion des voix. À son avis, les grandes formations n'étaient pas assez attractives, entraînant des saignées dans leurs rangs. De même, les sièges épars obtenus par les micropartis étaient de nature, selon lui, à parcelliser l'Assemblée. Hier, il a enfoncé le clou, en expliquant que la loi électorale, en vigueur, a été promulguée dans une conjoncture particulière, en vue d'encourager le multipartisme. Mais à son avis, les agréments octroyés au tout venant ont entraîné “un éparpillement des courants politiques et une absence de cohésion au sein de l'APN”. Dans ce contexte, il rappelle que 24 partis ainsi que des indépendants ont présenté des listes lors des législatives du 17 mai. Sur le plan moral, cette profusion de partis lui inspire un commentaire plus acide. “Vous vous souvenez, avant, il y avait le phénomène des beznassia du cabas, puis du D15 et maintenant, nous assistons au trabendo des voix. Partout, des gens monnayent leur cachet”, s'indigne le ministre de l'Intérieur. Il a assuré que la nouvelle loi va mettre fin à cette pratique. Plus clairement, il affirme qu'un dispositif sera mis en place afin que les partis agréés soient crédibles et respectables. “Mais cela ne veut pas dire qu'on va retirer aux partis existants leur agrément”, a-t-il rassuré. Samia Lokmane