Ayant bien préparé son coup avec le soutien logistique et financier occidental, Israël a surpris les pays arabes en occupant à la fois Gaza, la Cisjordanie, le Sinaï égyptien et le Golan syrien. C'était le fait accompli, dont s'est accommodée la communauté internationale sans lever le petit doigt pour réparer l'injustice. Quarante années plus tard, le Proche-Orient est toujours cette poudrière prête à exploser à tout moment à cause de la politique expansionniste d'Israël, un Etat créé de toutes pièces par les puissances occidentales, lesquelles, en pensant réparer une erreur historique, ont commis l'une des plus graves de l'histoire en faisant des Palestiniens un peuple de réfugiés. En effet, le 5 juin 1967, à 7h10, l'armée israélienne a déclenché une offensive militaire d'envergure avec 200 chasseurs bombardiers et des centaines de blindés, qui se sont mis en mouvement vers les fronts égyptien et syrien. Six jours plus tard, soit le 10 juin, la guerre était finie. La Cisjordanie et Jérusalem-Est, le Golan, le Sinaï et la bande de Gaza, alors sous occupation égyptienne, étaient sous occupation israélienne. Aujourd'hui, désarmés militairement, sur le front diplomatique, mais surtout minés par les divisions internes depuis la mort de leur leader charismatique, Yasser Arafat, les Palestiniens, sont sous occupation israélienne malgré la création de l'Autorité palestinienne, plus que jamais affaiblie. Israël, qui ne respecte aucun de ses engagements internationaux, comme le montre l'augmentation vertigineuse du nombre de ses colons, qui sont estimés à 260 000, soit le double de ce qu'ils étaient avant les accords d'Oslo, lesquels prévoyaient de les maîtriser, ajoute à la souffrance du peuple palestinien par ses dépassements innombrables. Ne se contentant pas de l'occupation et de la colonisation à outrance, en violation de toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur le sujet et de ses engagements vis-à-vis du quartette international, l'Etat hébreu détient dans ses geôles environ 8 000 prisonniers palestiniens, dont des ministres du gouvernement et des élus du parlement palestiniens en activité, sans que la communauté internationale trouve à redire. Pis, la sécurité d'Israël est l'argument massue avancé pour justifier les internements sans procès de responsables palestiniens, et les assassinats ciblés d'autres personnalités, comme ce fut le cas pour Cheikh Ahmed Yassine, sur son fauteuil roulant, et de son successeur Abdelaziz Rantissi. Aux actes de la résistance légitime palestinienne, l'armée israélienne riposte en réoccupant les principales villes autonomes de Cisjordanie et en éliminant des centaines d'activistes et des chefs de mouvements palestiniens, et en jetant des milliers d'autres dans ses prisons. La vision des deux Etats, contenue dans la “feuille de route”, du plan de paix préconisé par le quartette international, est restée lettre morte depuis son lancement en 2003. Même si Yasser Arafat, qui est rentré dans l'histoire en hissant le drapeau palestinien sur les territoires de l'Autorité palestinienne, l'indépendance dont rêve toujours le peuple palestinien est loin d'être acquise tant qu'Israël persiste à imposer par la force ses visées expansionnistes. Ni la résolution 242 du Conseil de sécurité exigeant le retrait israélien des territoires occupés, l'un des documents les plus fréquemment cités mais aussi les moins respectés des annales de la diplomatie, ni la guerre de 1973, qui a failli coûter cher à l'Etat hébreu, ne l'ont empêché d'agir à sa guise avec le soutien acquis de l'Occident, qui lui a permis de voir le jour en mai 1948. Aujourd'hui, la carte du Proche-Orient a changé et c'est le chacun pour soi depuis les accords israélo-égyptiens et israélo-jordaniens qui ont contribué à laisser les Palestiniens livrés à eux-mêmes et à la merci d'Israël, qui se permet de refuser les propositions de paix arabes. L'impunité, dont il jouit sur la scène internationale, est sa principale force face à un monde arabe plus que jamais divisé, dans une région où l'odeur de la poudre devient de plus en plus forte. K. ABDELKAMEL